Sud-Ouest

On ne connaît pas avec précision l'origine de ce qu'il est convenu d'appeler le "Grand Sud-Ouest" : celui-ci constitue un ensemble fascinant, diversifié, mais hétérogène du point de vue qualitatif. Sans doute l'introduction des premières vignes remonte-t-elle ici à l'Antiquité, grâce notamment aux échanges commerciaux que la zone des Pyrénées entretenait avec l'Espagne. Il est certain aussi que toute la zone en amont de Bordeaux, regroupée sous le nom de Haut Pays, a été connue bien avant celle de Bordeaux.

Si aujourd'hui Bordeaux est le centre du monde viticole et le cabernet sauvignon un de ses emblèmes, on peut même affirmer que la vérité se trouve à la périphérie.

En effet, si l'histoire et la réussite des grands vins du Médoc et des Graves apparaissent indissociablement liées à l’émergence du cabernet sauvignon, celui-ci est sans doute né au XVIIe siècle dans le pays basque et le bassin de l’Adour, issu d’un croisement fortuit entre le cabernet franc et le sauvignon. A l’instar de ses « cousins » tannat, merlot et, enfin, malbec qui sur les sols du Kimméridgien de Cahors a conquis ses lettres de noblesse.

Cette vaste région n'a pourtant pas cédé aux sirènes du "tout cabernet" et a su préserver son patrimoine ampélographique, parmi lequel, outre les cépages cités ci-dessus, figurent également la négrette, le fer servadou, le jurançon noir, le braucol, ...

On distingue quatre zones de production dans le Grand Sud-Ouest :

• Le Bergeracois (Bergerac, Pécharmant, Montravel, Monbazillac, etc.)
• La vallée de la Garonne avec les diverses "Côtes" (Buzet, Duras, Marmandais, etc.)
• Le Haut Pays en amont de Bordeaux (Fronton, Cahors, Gaillac, Marcillac)
• Le Piémont pyrénéen (Madiran, Jurançon, Pacherenc, Irouléguy)

La renommée des vins du Haut Pays, notamment à travers le vin de Cahors, était déjà bien établie dès le Moyen Age, du pourtour méditerranéen à l'Angleterre où il concurrençait sérieusement le vin de Bordeaux. L'amélioration de la navigabilité du Lot au XVIIe siècle avait en effet permis à ce dernier d'accéder plus facilement au port de Bordeaux. Protectionnistes, les Bordelais mirent alors en place de nombreuses barrières fiscales qui obligèrent les viticulteurs quercinois à chercher d'autres débouchés. C'est à ce moment-là que le vin de Cahors commence une percée spectaculaire sur le marché russe. Le tsar Pierre 1er lui ayant trouvé des vertus thérapeutiques, le vin cadurcien est promu au rang de vin officiel de la Cour. Plus encore, le patriarche de Moscou, ébloui par le vin de Cahors qui, même coupé d'eau, conservait sa robe pourpre en fit le vin de messe officiel de l'église orthodoxe.

Aujourd'hui, le vin de Cahors est en passe de retrouver son lustre d'antan, sous l'impulsion notamment d'une génération de vignerons qui, s'appuyant sur une délimitation parcellaire plus précise des différents terroirs cadurciens (causses, grèzes, terrasses du Mindel), a repris le flambeau et élabore des vins très intéressants.

L'autre région-phare du Grand Sud-Ouest est celle du Piémont pyrénéen. Celle-ci donne probablement naissance à quelques-uns des vins aux plus hauts potentiels de longévité en rouges, à l'instar de la démarche entreprise il y a bientôt quarante ans par le visionnaire Alain Brumont. En blanc sec et mœlleux, le Jurançon est également l’un des fers de lance de la région et se caractérise par des vins d'une originalité de goût et d'une fraîcheur exemplaire. Petite par la taille (220 ha), l'appellation Irouléguy dans le pays basque, avec ses terrasses étonnantes, a également le potentiel pour produire de grands vins.