Les coups de cœur 2025

Quand un grand vigneron, adepte de la biodynamie depuis longtemps, épris de perfection, révèle ses différents lieux-dits, cela donne la cuvée des « Terres Chaudes » sur Saumur-Champigny. Issu du fameux terroir des Poyeux, ce cru sapide, d’une élégance rare, aux notes florales et fruitées complexes, aux tanins satinés et enveloppants, est une merveille.

Le Piémont recèle de pépites et spécialités autochtones. Tel l’Erbaluce, cépage blanc du Haut-Piémont dont le nom dériverait de « alba-luce » soit lumière de l’aube. Un nom poétique pour un vin qui l’est tout autant ! Entre les mains expertes de la famille Ferrando, vigneronne depuis 5 générations, naît un vin empreint de délicatesse et de finesse. Intrigant dès le nez qui décline des arômes d’herbes des montagnes et de thé blanc, la bouche est juteuse et élancée, tenue par une belle acidité qui rencontre une structure légèrement tannique. Un véritable coup de cœur car il déconcerte, emmène voyager et évolue dans le verre… C’est un merveilleux rapport prix-plaisir !

Si nous devions apprendre et comprendre la complantation, les vins de Marcel Deiss en seraient le parfait symbole. La complantation, c’est quoi ? C’est l’art de planter plusieurs cépages ensemble, sur une même parcelle, pour que le vin ne soit pas l’expression d’un cépage, mais celle d’un lieu. Une vision à contre-courant, qui replace le terroir au centre et qui donne naissance à des vins d’une grande cohérence, profonds, vibrants, jamais caricaturaux. Et le Ribeauvillé 2022 en est un superbe exemple. Un blanc sec, dense et tendu, né de sols complexes mêlant calcaire du Muschelkalk, argiles et cailloutis quaternaires. En bouche, c’est droit, structuré, salivant, avec cette texture pleine et cette minéralité presque tactile qui vous accroche sans jamais fatiguer. Un vin de paysage, qui dessine l’Alsace dans ce qu’elle a de plus pur et graphique. À boire dès maintenant ou à laisser tranquillement évoluer sur dix belles années. Et pour ne rien gâcher, le prix reste sage.

C’est ma définition du vin que j’aime partager : une jeune vigneronne qui reprend un domaine en biodynamie et n’intervient que de manière minimale dans la vigne afin de la laisser s’exprimer pour une expression fidèle de son terroir. Le domaine propose plusieurs cuvées en blanc mais le Savennières est spectaculaire malgré sa jeunesse. C’est un vin déjà complexe mais d’une grande fraîcheur, d’une jolie rondeur et avec un élevage parfaitement intégré. Il se mariera à merveille avec un risotto aux asperges et champignons ou un poisson de lac au beurre blanc. Sa capacité de garde vous permettra d’en profiter pendant une dizaine d’années. Un grand chenin comme on les aime !

Un peu comme les dentelles de Montmirail, ce Gigondas qui est né à ses pieds en a la beauté, le sérieux et la finesse ! Un assemblage de grenache, mourvèdre, syrah et cinsault comme on serait en droit de le rêver éternellement, avec ses arômes floraux (pivoine et violette), épicés (cacao, encens, herbes de garrigue), avec une touche minérale qui traverse la bouche de manière élégante et traçante. Un grand vin maintenant, un grand vin dans 10 ans et sans aucun doute également dans 20 ans ! Fantastique sur une parmigiana d’aubergines aux fleurs de thym.

Il y a les vignerons stars, ceux que tout le monde connaît, dont les bouteilles s’arrachent à prix d’or. Et puis il y a ceux, plus discrets, qui ne sont pas toujours reconnus à leur juste valeur. Jérémie Huchet en fait incontestablement partie. Là où la Loire commence à sentir les premiers embruns de l’Atlantique, Jérémie, tel un funambule, explore avec justesse les multiples terroirs qu’il a entre les mains, pour offrir au Muscadet une dimension rarement atteinte. La cuvée qui me semble la plus marquante, et sans doute le fer de lance d’un travail d’une remarquable régularité, provient de sa parcelle du Clos les Montys, où certains pieds de vigne remontent au début du XXe siècle. Né d’un terroir de roches vertes et d’un élevage de trois ans, ce vin frappe d’abord par sa discrétion, puis séduit par sa finesse — au nez comme en bouche.Inutile de se mentir : c’est un vin qui demande du temps. Il mérite d’être carafé, une heure au strict minimum. Mais lorsqu’il s’ouvre enfin, on comprend que l’on a face à soi un grand vin. Un vin qui impressionne par son élégance aromatique, bien sûr, mais surtout par la complexité infinie de sa texture. Cette tension citronnée, ces amers en finale qui étirent la bouche à l’infini… C’est tendu, mais ample ; frais, mais doté d’un gras subtil. Un vin de paradoxes, parfaitement maîtrisé. Et dire que cette expérience peut encore largement se prolonger dans le temps — pour moins de 20 francs.

Faisant partie des derniers arrivés dans notre cher portofolio, ce cépage atypique qu’est le Grüner Veltiner, m’a complètement séduit. Cette cuvée exceptionnelle du vigneron Herbert Zillinger, plantée dans les parcelles les plus fraîches du domaine, sans filtration ni ajout de sulfites est tout simplement déroutante. En bouche, légèreté, salinité et longueur seront au rendez-vous. Lors de la mise à mort de cette bouteille, un tartare de thon aux agrumes lui tenait la main. Un p’tit coup de carafe le mettra dans les meilleures conditions de dégustation !

Ce vin m’a tout de suite parlé. Par sa justesse, sa profondeur, sa manière d’exprimer le lieu sans détour. Vieilles vignes plantées en 1960, cultivées avec exigence et patience, vinification sans artifice : ici, tout est pensé pour laisser le vin parler. J’aime cette alliance entre la densité du pinot noir, la souplesse du meunier, la fraîcheur du chardonnay et le relief subtil du pinot blanc, qui apporte une touche d’épice et une amertume noble. En bouche, c’est du beurre cru, de la noisette fine, un soupçon de vanille fraîche et ce biscuit doré qui signe les maturités parfaitement menées. Le tout tenu par une trame minérale d’une grande précision.Un champagne vivant, précis, sincère — et une expression lumineuse que je prends toujours autant de plaisir à goûter.

Voilà maintenant 40 ans qu’Olivier Jullien s’est lancé corps et âme dans l’élaboration de grands vins du Languedoc. 40 ans de dévotion, de travail acharné, d’amour inconditionnel de ses vignes. Une expérience à nulle autre pareille que l’on a la chance de retrouver dans chacun des vins qu’il façonne. Autour de Jonquières est une synthèse : la composition méticuleuse de ses parcelles originelles et un assemblage juste, harmonieux des cépages. Chaque année est différente, ici une grande part de mourvèdre et de carignan sont complétés d’une pointe de syrah. Ce millésime 2022 offre déjà des notes séduisantes de baies noires, de thym, d’olive noire et de garrigue. En bouche, il est gourmand, charnu puis profond, tout en présentant la finesse et l’élégance propres à ces vignes d’éboulis calcaires. L’ensemble est admirable de précision et d’équilibre. Un grand vin, une fois de plus… À laisser s’épanouir 2-3 heures en carafe pour en profiter dès maintenant ou oublier en cave au moins 5 ans.

Un véritable bijou de la Savoie, le Silice rouge du Domaine des Ardoisières incarne l’élégance et la précision d’un grand vin de montagne. Issu de vignes cultivées en terrasses abruptes sur des sols schisteux, ce vin exprime avec brio la singularité de son terroir alpin. À l’œil, une robe rubis brillante laisse présager toute la finesse de cette cuvée. Le nez est envoûtant : fruits rouges croquants, notes florales, touche minérale… c’est une invitation à la dégustation. En bouche, la magie opère : une texture soyeuse, une fraîcheur vibrante, des tanins délicats, et cette finale longue, saline et pleine d’énergie qui rappelle les grands rouges d’altitude. C’est un vin plein de gourmandise, à la fois juteux, précis et profondément charmeur. Et pour ne rien gâcher, il offre un superbe rapport qualité-prix, rare pour un vin d’une telle finesse et d’un terroir aussi exigeant. Élevé avec soin par Brice Omont, il est le reflet d’un travail méticuleux et d’une passion pour la viticulture de haute couture. Le Silice Rouge est bien plus qu’un vin : c’est une émotion pure, un coup de cœur assuré pour les amateurs de vins racés, vivants, et profondément ancrés dans leur terroir, à découvrir sans plus attendre, à prix doux !

Sous la lumière douce de Genève, l’Altesse 2023 des Parcelles n’a pas volé son nom ! Au nez, des e!uves d’agrumes et de fleurs d’acacia s’épanouissent en harmonie, tandis qu’une touche minérale complète l’ensemble. En bouche, l’attaque est ronde et chaleureuse, suivie d’une tension vive qui équilibre la douceur. La finale est longue et salivante. Ce vin, tel un secret bien gardé, se marie avec des mets raffinés comme des raviolis de crevettes au bouillon de citronnelle ou un pâté en croûte aux ris de veau et morilles. L’Altesse 2023 est une invitation à la délicatesse, une caresse pour les sens, une poésie liquide signée Laurent Villard.

Le Dolcetto d’Alba de Lodali appelle à l’invitation ! Il s’agit d’une cuvée du Piémont qui est réputée pour ses vins rouges colorés et fruités. Celle-ci se prête bien pour accompagner des antipasti, pâtes et risotto. Elle se caractérise par une certaine fraîcheur, avec des arômes de fruits rouges et avec une subtile note d’amande amère. En bouche, ce vin se distingue par une faible acidité et des tanins souples qui offrent une dégustation harmonieuse et accueillante. A partager en bonne compagnie… Prix/plaisir garanti !

Pour moi, les Clapas 2022 du Domaine du Pas de l’Escalette, c’est un véritable coup de cœur. Ce vin incarne à la perfection le caractère unique de son terroir, avec ses arômes de fruits noirs mûrs et d’épices, nous voilà directement transportés dans les vignes ensoleillées du Languedoc. En le dégustant, je ressens l’harmonie et la puissance de la grenache, de la syrah, du mourvèdre et du carignan qui sont typiques de la région avec des tanins soyeux et qui sont d’une très grande finesse. La finale, longue et persistante, laisse une impression mémorable, faisant de ce vin un accompagnement idéal pour des plats de viande ou des plateaux de fromages affinés. C’est donc avec sincérité que j’ai cœur de vous faire découvrir ce vin qui est en tout cas pour ma part une très belle découverte ! Bonne dégustation !

Le Moulin-à-Vent du Château du Moulin-à-Vent est en effet un merveilleux vin pour explorer le Beaujolais. Son terroir composé de sable grossier, d’oxyde de fer et de manganèse contribue à la complexité et à l’élégance de ce magnifique vin. Une belle structure tannique ainsi qu’une nuance saline et poivrée apporte une belle finesse. Parfait pour accompagner des grillades et de la charcuterie, ce vin se marie bien avec des plats riches en saveur. Une redécouverte à ne pas manquer.

Au-delà du nom chantant de cette cuvée et de son appellation, ce vin est une invitation au voyage, à prix raisonnable. Il présente une robe grenat, possède des notes de fruits rouge mûrs et une très jolie complexité aromatique grâce à ses quelques années de vieillissement. C’est un vin que j’apprécie particulièrement avec de la viande et une sauce corsée qui répondra à l’intensité des tanins bien présents mais soyeux. Un vin de partage, élaboré avec 3 cépages singuliers (aglianico, piedirosso, primitivo). Santé !

« Il faut rester » … ce nom vous évoque-t-il un domaine viticole ? C’est le sens de Mas Cal Demoura, un domaine du Languedoc, dont le nom en occitan incarne un attachement profond à la terre. Pour mon premier coup de cœur au CAVE, je suis partie sur Les Combariolles 2021. C’est un vin que j’apprécie tout particulièrement ; en raison de la chance que j’ai eu de rencontrer Vincent Goumard aux 40 ans du CAVE et de l’énergie que dégage ce vin. Cette cuvée est issue d’une sélection parcellaire sur le lieu-dit Les Combariolles composées de sols cailloutis calcaires.Avec un nez frais, profond et dynamique, il montre une bouche longue et structurée aux arômes de fruits noirs et aux notes épicées. Composé principalement de Syrah et de Grenache, il s’accordera parfaitement avec un filet mignon et sa poêlée de giroles ou même, avec une belle côte de veau ! N’attendez plus, cette cuvée sera parfaite pour vos repas du dimanche midi en famille ou entre amis !

En tant qu’Américaine ayant effectué des études en Bourgogne, je retrouve rarement, dans un vin californien, cette finesse d’expression du pinot noir propre aux grands terroirs bourguignons. Pourtant, le Pinot Noir VSOC de Father John Winery m’a profondément marquée. Nicholas Maloney, le vigneron à l’origine de cette cuvée, crée un lien précieux entre deux univers viticole. Fils de vignerons à Sebastopol, au cœur de la Russian River Valley – zone côtière emblématique de Californie – il a affiné son savoir-faire en Bourgogne avant de revenir en Californie. Le résultat : un vin lumineux, à la trame précise de framboise fraîche, dont l’équilibre entre tension et rondeur impressionne par sa justesse. Le VSOC ne cherche pas à reproduire un style, mais à dialoguer avec les plus belles expressions du pinot noir, avec élégance et sincérité.

Ce très beau chardonnay du sud de la Bourgogne séduit d’emblée par une aromatique expressive. Le nez s’ouvre avec intensité sur des notes florales, d’acacia, subtilement mêlées à des arômes de miel et d’agrumes, et une délicate touche d’amande douce, dans un ensemble à la fois élégant et aérien. En bouche, l’attaque est vive, marquée par une fraîcheur tonique et une densité fruitée qui apporte une belle gourmandise. Un très beau blanc signé Nicolas et Aline Maillet, qui rappelle combien le Mâconnais, souvent éclipsé par sa prestigieuse voisine la Côte de Beaune, peut offrir des vins d’une grande authenticité, expressifs et profondément séduisants à la dégustation.