Barbaresco

L’appellation Barbaresco, classée en Denominazione di Origine Controllata e Garantita (DOCG), est exclusivement réservée aux vins élaborés à partir du cépage Nebbiolo, l’un des plus nobles et capricieux d’Italie. Elle tire son nom du charmant village de Barbaresco, situé à l’est de la ville d’Alba, au cœur de la région du Piémont. Mais l’aire de production ne se limite pas à ce seul village : elle englobe également les communes de Neive, Treiso ainsi qu’une petite partie de la frazione San Rocco Seno d’Elvio, autrefois rattachée à Barbaresco avant son intégration à Alba.

Occupant environ un tiers de la superficie totale du Barolo DOCG, l’appellation Barbaresco partage avec cette dernière une tradition viticole séculaire et un même cépage, mais elle se distingue toutefois par plusieurs caractéristiques géographiques et climatiques fondamentales. Les vignobles de Barbaresco sont en général situés à une altitude légèrement inférieure à ceux du Barolo, et bénéficient d’un climat marginalement plus chaud et plus tempéré. Cette différence se traduit notamment par une maturité phénolique légèrement plus précoce du raisin, permettant des vendanges environ une semaine avant celles du Barolo.

Ce climat plus clément confère aux vins de Barbaresco une expression stylistique particulière : les vins y sont souvent perçus comme un peu plus ouverts, plus souples et plus accessibles dans leur jeunesse, bien qu’ils conservent une grande capacité de garde. En matière de réglementation, l’appellation impose un élevage minimal de deux ans et deux mois pour les Barbaresco classiques, et de quatre ans et deux mois pour la version Riserva, comptés à partir du 1er novembre suivant la récolte. Dans les deux cas, un séjour minimum de neuf mois en fût de chêne est obligatoire. Ce cadre légal, tout en garantissant une maturation suffisante, reste légèrement moins contraignant que celui du Barolo, ce qui permet aux producteurs de proposer leurs vins un peu plus tôt sur le marché – un avantage économique non négligeable.

Le rendement maximal autorisé pour les vignes est fixé à 56 hectolitres par hectare, chiffre identique à celui imposé dans l’appellation Barolo. Cela reflète une volonté commune de préserver la concentration et la qualité des vins, tout en maîtrisant les volumes de production.

En 2007, précédant légèrement Barolo en raison de sa superficie plus restreinte, l’appellation Barbaresco a adopté un système officiel de Menzioni Geografiche Aggiuntive (MGA), équivalent aux « climats » ou lieux-dits bourguignons. Cette initiative vise à reconnaître et à valoriser les particularités des meilleurs terroirs de l’aire d’appellation, en permettant aux producteurs d’indiquer ces dénominations géographiques supplémentaires sur les étiquettes. On retrouve ainsi des crus emblématiques comme Asili, Rabajà, Montestefano ou encore Martinenga, qui jouissent d’une renommée internationale.

Traditionnellement, les vinifications de Nebbiolo dans la région suivaient un schéma rigoureux : longues macérations de trois à quatre mois, puis élevage prolongé, souvent cinq à huit ans, dans de grands fûts de chêne usagés. Cette approche permettait d’assouplir les tanins particulièrement austères du Nebbiolo et de produire des vins à la structure imposante, taillés pour la garde. Toutefois, à partir de la fin des années 1970, une nouvelle génération de vignerons a commencé à remettre en question ces méthodes. À Barbaresco, Angelo Gaja – figure emblématique et pionnier visionnaire – a introduit des pratiques innovantes : réduction des temps de macération, utilisation de barriques neuves françaises, contrôle plus précis des températures de fermentation… Le but était de produire des vins plus colorés, aux tanins plus fondus, offrant une palette aromatique plus moderne et un potentiel de consommation plus précoce.

Aujourd’hui, la plupart des producteurs de Barbaresco cherchent un compromis entre tradition et modernité. Les macérations durent en général de deux à quatre semaines selon les cuvées, et l’élevage est souvent effectué dans un mélange de grands foudres et de barriques, avec une proportion modérée de bois neuf afin de préserver la finesse aromatique intrinsèque du Nebbiolo. Nombreux sont les œnologues qui estiment que les arômes trop marqués de vanille et d’épices issus du chêne neuf risquent de masquer les subtilités florales, minérales et épicées du cépage.

Enfin, il est à noter que plusieurs domaines prestigieux, soucieux de ne proposer sous le nom de Barbaresco que leurs cuvées les plus représentatives, choisissent de vinifier sous l’appellation Langhe Nebbiolo DOC les raisins issus de parcelles jugées moins qualitatives certaines années. Ces vins, souvent plus accessibles tant en prix qu’en style, offrent une excellente introduction au Nebbiolo piémontais.

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