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De nombreux producteurs de Chianti Classico se trouvaient récemment à Zurich pour la présentation de leurs vins à un public d'amateurs. Lors de la conférence de presse, pas moins de sept femmes étaient assises en face des journalistes, nous précisons bien, sept femmes vigneronnes, femmes des métiers du vin, œnologue set autres spécialistes femmes.
Toutes ont décrit leur travail et leur passion pour le vin comme on ne pouvait mieux faire.
Même la présidence était assurée par une femme, Madame Emanuela Stucchi Prinetti, portant le beau titre italien "Presidente del Consorzio del Marchio Storico - Chianti Classico".
« Complètement inutiles et obsolètes, ces éternels thèmes féminins», murmurait dans sa barbe un journaliste sexiste, en ajoutant, "de toute manière, elles ont toutes un homme à la cave qui accomplit le travail...
De telles remarques subsistent inévitablement. Pourtant, est-il vraiment superflu de parler des femmes qui s'affirment dans le domaine du vin toujours largement dominé par les hommes ?
Pourtant, n'est-il pas nécessaire de présenter une minorité de vigneronnes talentueuses comme de parfaits exemples pour que peut-être des filles de vignerons qui, depuis l'enfance prennent conscience que ce n'est pas elles, mais un frère qui reprendra l'exploitation paternelle ?
Est-ce superflu de démontrer que de futures œnologues femmes, qui se retrouvent (tout de même !) à deux ou trois dans une classe d'hommes d'une Haute école spécialisée, que d'autres femmes avant elles ont si bien réussi et maîtrisé ce métier d'hommes ?
Est-ce vraiment inutile de démontrer que des femmes, souvent acharnées contre les résistances et les préjugés profondément enracinés ont dû lutter, pour parvenir à réaliser leur rêve d'un grand vin de caractère qui a mérité la reconnaissance et le succès ?
Admettons-le : être une femme ne suffit pas. La qualité du travail, le produit qui en est issu doivent prouver le succès, c'est évident.
Mais, honnêtement, la vérité ne consiste-t-elle pas admettre que les femmes qui réussissent dans ce métier sont encore un petit peu meilleures que leurs collègues masculins ?
En cas de succès, ces femmes sont immédiatement acharnées et impitoyables face à leurs concurrents. Qui veut se battre pour sa vocation, a besoin, en plus de la passion, d'une volonté et d'un feu intérieur qui supplantent ceux d'un bon vigneron.
Les vigneronnes qui ont atteint ce niveau ne sont pas simplement de bonnes productrices de vin,elles sont d'une excellence hors classe. Quelques exemples :
Marie-Thérèse Chappaz, Madeleine Gay, et d'autres, en Bourgogne, Lalou Bize-Leroy, Elisabetta Foradori dans le Trentin-Haut-Adige italien, ou Delia Viader en Californie, pour n'en citer que quelques-unes.
Un reproche fréquent à ces productrices talentueuses consiste à prétendre qu'elles ne travaillent pas seules, mais qu'elles ont l'appui de partenaires, d'un frère ou d'un père. Cette attitude semble étrange. Outre le fait que certaines de ces vigneronnes d'exception sont totalement seules à prendre toute la responsabilité d'un domaine, il faut en revanche constater que la plupart des vignerons à succès sont mariés, avec une femme qui coopère pleinement dans l'entreprise et même une mère ou une sœur restant bien utile dans l'ombre.
Comme dit si bien le proverbe, mais seulement dans un seul sens : "Derrière chaque grand homme se cache une femme" !
Inversée, la phrase semble ne pas encore fonctionner ...
Je me souviens d'une visite dans un domaine renommé où le mari, étranger à la vigne et au vin, tenait toujours la vedette, pendant que son épouse, chef de cave diplômée, restait assise par derrière, complètement muette.
Lui nous vantait continuellement "son vin" !
Les vins produits et vinifiés par des femmes sont-ils différents ? Certainement pas pour ce qui touche tous les aspects techniques de la vinification qui sont forcément identiques. En revanche, on retrouvera dans un vin de vigneronne une féminité, une joie de vivre, une finesse caractéristique à chaque vigneronne. Un léger "surplus d'âme" par rapport à un vin masculin d'un vigneron qui y a mis tout son cœur. La différence est difficilement tangible et encore davantage à prouver, mais la différence existe bel et bien.
Il en va de même pour la dégustation. Si quelqu'un s'y prend bien, c'est qu'il est formé, entraîné et possède des aptitudes particulières. Il nous apparaît cependant que les femmes sont moins sûres d'elles au contraire des hommes, et que leur avis tient davantage d'un jugement subjectif du moment, comme une photo de l'ambiance du moment.
Les femmes se donnent un peu plus de temps pour se forger un avis, alors que les hommes auraient établi leur jugement depuis longtemps, en l'exprimant haut et fort ! Les dames recherchent davantage dans leur banque de données du cerveau.
Même des femmes non expérimentées dans un cours de débutants, à peine la timidité surmontée, sauront nommer bon nombre d'arômes à juste titre....
Bref, tout ceci n'empêchera pas que lors du prochain repas en tête-à-tête, le sommelier continuera à présenter la carte des vins à Monsieur.
Mais certainement que cette élite de vigneronnes aidera à faire changer la situation de la femme dans la vigne et le vin.
Merci à Eva Zwahlen de nous avoir remis ce texte - traduction: Philippe Margot.
États-Unis, France, Grande-Bretagne : aujourd'hui, sur les trois premiers marchés mondiaux du vin, les acheteurs sont majoritairement des femmes. Une révolution à laquelle les acteurs du monde du vin n'en finissent pas de s'adapter.