Reconditionnement

L'alcool étant particulièrement volatil et le liège pas totalement hermétique, le vin s'évapore de son contenant. La qualité du bouchon est donc primordiale. Si les bouteilles étaient conservées debout, le bouchon se dessècherait et la perte par évaporation encore plus importante. C'est pour cette raison que le vin est conservé bouteille couchée pour que le liquide reste en contact avec le bouchon qui conserve son élasticité. À partir du moment où le bouchon menace de se disloquer, il convient de le changer. Il n'y a pas de règle absolue en matière de durée d'un bouchon. Cela varie en fonction de l'état du liège et de la nature du vin. Il faut tabler entre vingt-cinq et quarante années, encore qu'un vin liquoreux conservera le bouchon en meilleur état en raison de sa haute teneur en sucre. D'autres éléments non négligeables sont l'hygrométrie de la cave, sa température. Une atmosphère trop sèche attire vers elle le vin qui s'évapore plus rapidement, et de surcroît si la température est trop élevée. Les variations fréquentes de température sont particulièrement néfastes. Rappelons aussi que les meilleurs bouchons d'aujourd'hui sont techniquement meilleurs, plus élastiques et plus homogènes.

Si vous disposez d'une caisse de 6 bouteilles d'un premier grand cru dans un millésime exceptionnel, valant 5'000 euros la bouteille et que trois bouteilles sont refusées pour avoir un niveau trop bas, le reconditionnement paraît évident. Mais le cas mérite analyse et réflexion. Reconditionner signifie redonner une carte d'identité au vin, encore faut-il que ce dernier n'ait pas souffert au point que cela devienne irréversible. Il faut différencier trois niveaux de reconditionnement: Le simple ré-habillage de la bouteille soit, le remplacement de l'étiquette. La remise en place d'un nouveau bouchon, de la capsule et de l'étiquette, avec ou sans dégustation du vin. Enfin, les opérations précédentes avec la remise à niveau, après dégustation que l'on appellera un reconditionnement total. Dans tous les cas de figure, le nouveau bouchon doit être un bouchon d'origine du château, prouvant par son estampille l'authenticité de la bouteille. L'opération se déroule impérativement à la propriété, en présence du maître de chai et souvent du directeur ou du propriétaire du domaine qui signeront une décharge. Si la bouteille se casse au rebouchage, le fournisseur n'est pas responsable. Si la bouteille dégustée n'atteint pas la qualité reconnue du millésime, le producteur est en droit d'en refuser le reconditionnement, car elle engage la réputation du château. Au mieux, son propriétaire repartira avec une bouteille neutre qu'il ne pourra que conserver pour sa consommation personnelle.

Toutes ces mesures sévères ne sont que normales, car le reconditionnement ne porte que sur des grands crus à haute valeur spéculative. On comprend que devant l'augmentation des fraudes et des bouteilles mal conservées, les châteaux repensent les règles du reconditionnement.