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En Inde, le secteur vitivinicole attire de plus en plus d’investisseurs. À l’initiative du Ministère de l’Agriculture, deux experts de VINIFLHOR et de l’ADEPTA ont participé en février 2006 à un symposium international sur la viticulture en Inde. Ils ont pu visiter à cette occasion des vignobles et caves dans l’état du Maharashtra, et apprécier à travers ces visites et les rencontres avec des opérateurs locaux, la situation actuelle du secteur vitivinicole en Inde. Les propos qui suivent présentent les principales informations collectées lors de cette mission exploratoire.
Panorama du vignoble et de la production de vin en Inde :
La production de vin, nouvel eldorado ? L’état du Maharashtra se développe actuellement pour la production de vin. C'est un marché en développement mais encore difficile d’accès pour les vins étrangers.
L’Inde est davantage un continent qu'un pays. Délimitée au nord par la chaîne himalayenne, la péninsule indienne s’étend sur 3'287'590 km2 (6,5 fois la France) et héberge un peu plus d'un milliard d’habitants (2005). Le pays est une fédération qui compte 29 états et 6 territoires. Le PNB par habitant est de 600 dollars (2004). L’agriculture emploie 60 % de la population et représente 24% du PIB. La croissance annuelle est voisine de 7 % ces dernières années, mais le taux de la populations vivant sous le seuil de pauvreté reste très élevé, voisin de 30%.
La viticulture indienne est une pratique ancienne avec une expansion récente. La vigne a été cultivée et utilisée en Inde depuis des époques très anciennes, sa présence (espèces autochtones) étant mentionnée dans des écrits d’il y a environ 3'000 ans. Les vignes cultivées auraient été introduites au XIVe siècle par les conquérants perses dans le Nord de l’Inde, et auraient ensuite migré vers le Sud. Des témoignages de marchands-voyageurs au XVe siècle évoquent des vignes prospères et nombreuses dans la région de l’actuel état du Maharashstra. À partir du XIXe siècle, les missionnaires chrétiens ont contribué à propager la vigne dans des régions ou elle n’était pas auparavant présente. Si la viticulture est bien une tradition en Inde, elle n’est devenue une activité commerciale qu’au début des années 1970.
Entre 1990 et aujourd’hui, elle a connu une expansion très rapide, passant de 25'000 ha à 58'000 ha actuellement (2006), dédiés presque exclusivement à la production de raisins de table, sans pépins (variétés dérivées de la sultanine, appelée localement Thompson Seedless). La production a été de 1,47 millions de tonnes en 2004.
Répartition géographique des vignobles :
La vigne est cultivée de façon significative dans 6 états, répartis en 3 zones climatiques :
région sub-tropicale au Nord (est de Delhi),
région tropicale chaude (zone centrale entre 15 et 20° de latitude Nord, qui représente 70% du vignoble),
région tropicale moyenne (Sud du pays, entre 10 et 15° de latitude N).
Évolution des surfaces en vigne et de la production de raisin :
Durant les 15 dernières années, le vignoble a progressé d’environ 2'000 ha par an, et c’est l’état du Maharashtra qui a le plus bénéficié de cette croissance (70% de la superficie, environ 40'000 ha). L’Inde occupe le 12e rang mondial pour les quantités de raisin produites. Les quantités de raisins exportés varient suivant les sources, de 22'000 T à 45'000 T, ce qui reste relativement modeste.
Le vignoble indien s’est construit depuis 30 ans avec une orientation en raisins de table presque exclusive, et des résultats techniques en la matière très flatteurs. L’approche très intensive de la viticulture permet à l’Inde de détenir le record mondial de la productivité par ha, avec une moyenne proche de 25 T /ha. Des chercheurs qualifiés, relayés par des associations de développement très efficaces et le talent des viticulteurs indiens, ont conjointement contribué à ces résultats, malgré des conditions naturelles difficiles, comme le soulignait le professeur Boubals dans ses rapports de visite en Inde en 1995 et 1996. À cette époque, le raisin de table était la culture la plus rémunératrice en Inde, d’où son développement rapide.
Toutefois, cette extension rapide du vignoble et de la production a conduit à des difficultés d’ordre technique et économiques. On a observé ces dernières années des proliférations de ravageurs comme les thrips et cochenilles, nécessitant un usage de plus en plus intense de produits phytosanitaires, conduisant à augmenter sensiblement les coûts de production. L’usage intensif d’engrais minéraux et organiques a de plus généré des sérieuses pollutions des sols et des nappes (accumulations de chlorures), avec des incidences d’ordre physiologiques sur la vigne (dégâts de sels présents dans les sols ou dans l’eau d’irrigation). Au niveau économique, il y a saturation du marché intérieur et difficultés à l’export, du fait d’une concurrence grandissante et d’exigences qualitatives difficiles à satisfaire. Ce contexte actuel est donc moins propice aux plantations de nouveaux vignobles de raisins table.
La production de vin, nouvel eldorado ?
La production de vin constitue actuellement pour le vignoble indien une alternative au raisin de table, en proie aux difficultés énumérées précédemment. Après une phase de lancement peu active, initiée il y a une vingtaine d’année, elle bénéficie depuis 2001 d’un appui fort des autorités politiques, avec des facilités d’ordre réglementaires et fiscales, contribuant nettement à l’essor actuel. Les chiffres de la production sont encore modestes : 38 caves, 1'200 ha, avec seulement 700 ha en production. La production locale est estimée voisine de 50'000 hl. La croissance du secteur est toutefois très rapide, voisine de 20 % par an et la production devrait doubler d’ici 2010. Les investissements dans les caves en 2005 pour l’état du Maharashtra, ont été de 22 millions d’€, soit environ 2 millions d’€ par cave. Il se crée 10 à 12 nouvelles caves par an depuis 2001 - 2002.
Plusieurs promoteurs de projets rencontrés lors de la mission ont exprimé leur souhait de nouer des partenariats avec des opérateurs français du secteur vitivinicole, pour créer et suivre techniquement de nouvelles unités de production. À noter également l’existence d’associations de type joint-venture axées sur le conditionnement local de vins importés en vrac, qui semblent offrir des perspectives intéressantes. La production des caves indiennes est prioritairement tournée vers le marché intérieur, mais l’export est important pour les producteurs, comme « marqueur » de notoriété, surtout lorsque les pays acheteurs s’appellent France ou États-Unis. Pour l’instant, Grover (près de Bangalore, conseillée par l’œnologue Michel ROLLAND) est la cave qui exporte le plus (25% de sa production), suivie de Sula (10% de sa production) et Indage.
L’état du Maharashtra :
En pointe actuellement pour la production de vin. Sur les 38 caves que compte l’Inde, 36 sont situées dans le Maharashtra (capitale Bombay), qui produit 85 % du vin indien. Les plus grosses caves de l’état sont Indage (30'000 hl) et Sula (5'000 hl), les caves plus récentes ont pour la plupart une capacité individuelle de l’ordre de 2 à 3'000 hl. La production se répartit a égalité entre les rouges et les blancs. La production de mousseux démarre (1'500 hl) mais se développe rapidement dans les quelques caves qui en produisent. À noter également une petite production de rosés et de vins moelleux.
Il y a trois principales zones de production dans l’État :
Nashik (la plus dynamique et la plus réputée actuellement),
Pune-Narayangaon (ou est implanté Indage),
Sangli-Solapur (la plus à l’est).
Toutes les caves ont leur propre vignoble mais achètent une partie des raisins (plus de 50% pour certaines), sous forme contractualisée. Les « contract-farming » sont pluriannuels (jusqu’à 10 ans) et ont une clause de prix minimum. Les caves ont tendance à développer leur propre vignoble et devraient être moins dépendantes d’approvisionnements externes dans les années à venir. Les investisseurs du secteur font presque systématiquement appel à des consultants étrangers pour le choix des outils de production et leur mise en œuvre. Les pays les plus influents actuellement sont la France, l’Italie, les États-Unis et l’Australie. Le fait d’être conseillé par un expert étranger, d’un grand pays viticole, semble être un argument commercial de poids pour les caves indiennes. La plupart des bouteilles de ces caves portent d’ailleurs la signature d’un « winemaker » étranger. Ces investisseurs sont pour partie des propriétaires terriens, ayant déjà une activité de production agricole (raisins de table le plus souvent) ou viennent d’autres secteurs que l’agriculture (finance, industrie, etc.), attirés par les perspectives de rapide croissance et de bonne rentabilité financière. La plupart ont des activités économiques diversifiées et ne dépendent donc pas uniquement de la production de vin. Le secteur étant très attractif, les candidats à la création de vignobles et wineries sont nombreux, et commencent généralement leur parcours par la recherche de partenaires étrangers qualifiés techniquement pour les guider dans la réalisation de leurs investissements. Les partenariats financiers sont également plébiscités, prenant souvent la forme de joint-venture. Quelques maisons de Champagne sont ainsi partenaires financiers dans des caves indiennes depuis leur origine.
L’État, souhaitant attirer de nouveaux investisseurs, a lancé un programme d’aménagement de zones appelées « Wine Park » destinées à accueillir des vignobles et caves. Ces zones sont dotées d’infrastructures et d’un environnement facilitant le démarrage de nouvelles unités de production.
Origine des fournitures utilisées pour développer la production :
Les équipements des caves récentes ont 2 origines principales, fabrication indienne (cuves inox, égrappoirs, pompes, groupes de froid, etc.) et matériels importés. Il y a quelques machines de fabrication française, mais le principal fournisseur actuel d’équipements de caves est l’Italie. Les caves récentes sont dotés d’équipements derniers cris et sont parfaitement conçues, offrant d’excellentes conditions de production (hygiène, espace, etc.). L’usage des barriques devrait se développer rapidement, offrant quelques opportunités pour la tonnellerie française.
Côté vignoble, l’extension se fait essentiellement par greffage en place sur un porte-greffe unique (Dog Ridge), à partir de greffons diffusés par quelques caves. Les principaux cépages plantés actuellement sont pour les rouges le Cabernet Sauvignon, La Syrah et le Zinfandel (un peu de Pinot noir et de Merlot également), et en blanc le Sauvignon blanc, le Chenin et l’Ugni blanc (et de façon secondaire le Chardonnay, Viognier et Riesling). À noter l’utilisation de Thompson Seedless (raisin de table) pour la production des effervescents (et sans doute de quelques vins blancs).
Les résultats qualitatifs sont assez hétérogènes. Ils sont très honorables dans les caves bien équipées et dotées d’encadrement technique qualifié (Sula, Sankalp, Indage, Grover, etc.), corrects sans plus pour la majorité, et présentant des défauts majeurs dans quelques cas (oxydation sur les vins blancs en particulier).
Alors qu’il y a 10 ou 15 ans, des experts internationaux doutaient de la possibilité de produire des vins de qualité dans les conditions indiennes, les progrès des dernières années ont démontré le contraire et révélé de réelles potentialités qualitatives, malgré les conditions locales de culture très particulière (viticulture tropicale sans repos végétatif hivernal).
Un marché en développement mais encore difficile d’accès pour les vins étrangers :
Le marché du vin en Inde est encore balbutiant et modeste mais devrait connaître un développement rapide, bien que difficile à prévoir de façon certaine. Le volume importé actuellement avoisine les 12'000 hl, dont 15% d’effervescents (Champagne essentiellement). La France fournit 43 % de ces importations. Les vins importés sont très fortement taxés (plus de 250 %), avec une fiscalité moins pénalisante lorsqu’ils rentrent sous forme de vrac. Le marché intérieur global est actuellement d’environ 65'000 hl (près de 9 millions de bouteilles), et concerne essentiellement les grandes villes (Bombay, Delhi) et la frange de la population la plus aisée, soit 20 à 30 millions de consommateurs potentiels. Le prix moyen de vente des bouteilles au détail est de 6,5 € (3 fois le salaire indien journalier moyen). Les prix sont supérieurs pour les vins étrangers qu’on trouve difficilement à moins de 20 €. Les chiffres de 25 à 30 % de croissance annuel de ce marché dans les années à venir sont régulièrement cités.
Conditions de commercialisation des vins - un facteur limitant :
Même si des progrès ont été observés ces dernières années, les conditions internes de commercialisation, assez restrictives, restent un frein important au développement du marché et de la production vinicole indienne. Les contraintes sont d’ordres techniques et réglementaires. Au-delà de la très lourde taxation des vins importés mentionnée plus avant, on constate que les politiques fiscales et réglementaires ne sont pas uniformes entre états, ce qui oblige les producteurs locaux à un étiquetage spécifique, valable uniquement dans l’état de commercialisation visé. Étant donné que l’Inde compte 29 états et 6 territoires, ce point constitue un véritable casse-tête pour les entreprises du secteur. Les points de vente sont limités aux hôtels et restaurants de bon standing et petites boutiques spécialisées dans les boissons alcooliques. Ces dernières, au nombre de 40'000 environ, ne disposent pas d’équipements permettant de conserver et présenter les vins dans de bonnes conditions et leurs heures d’ouverture sont très encadrées. La publicité pour les boissons alcoolisées est interdite et le vin ne peut donc actuellement bénéficier de campagnes promotionnelles. Il est important de préciser que l’alcoolisme, très répandu en Inde, reste une préoccupation forte des autorités locales.