Kostenlose Lieferung ab einem Einkauf von Fr. 300 oder 18 Flaschen, sonst Fr. 15

chine 2

Retour

Parmi les trois premiers pays producteurs d'ici 10 ans, les autorités chinoises ne s'en cachent pas. La Chine a pour priorité de fournir en vin local son immense marché national, avec un objectif clair: être parmi les trois plus gros producteurs mondiaux de vin d'ici 10 ans. En quelques années, elle est déjà devenue le premier brasseur du monde et vise le même schéma pour le vin. Avec une production de 4 millions d'hl de vin par an, la Chine est actuellement au neuvième rang des pays producteurs. Elle compte plus de 500 viticulteurs à ce jour. Si la qualité moyenne des vins reste médiocre, elle est cependant en amélioration constante, grâce à la formation d'œnologues chinois. Le gouvernement finance également des programmes de recherche pour trouver les cépages les plus adaptés au terroir et aux conditions climatiques du pays.
Le marché chinois du vin offre bien des mystères. En 1990, il agonisait: ses 6'000 glorieuses années d'histoire et sa renaissance sous les jésuites au XIXe siècle, qui produisaient leur vin de messe, tout cela avait disparu après 1949, ne laissant que quelques caves abandonnées. Or, en 2006, l'éveil est fulgurant. Aujourd'hui, le vignoble atteint 80'000 hectares pour une récolte de 4 millions d'hectolitres, soit un rendement moyen faible de 50 hl/ha, du fait notamment des jeunes vignes non encore en production.

Par Caroline Puel
C'était il y a quelques mois, lors d'un dîner à Bordeaux, réunissant des spécialistes du vin, occasion d'une dégustation à l'aveugle. D'habitude, les professionnels trouvent l'origine, souvent l'année de la bouteille - dont l'étiquette est masquée - en quelques minutes. Mais, cette fois, un silence suit la dégustation, rompu par des commentaires élogieux. Et, lorsque Gérard Colin, un oenologue français qui produit du vin en Chine depuis l'an 2000, révèle que c'est lui qui a apporté la bouteille, de son vignoble du Shanxi, le parterre reste médusé. Une plaisanterie fuse : « Tu veux qu'on te paie combien pour arrêter de faire du vin là-bas ? » Pour ce bon vivant taillé comme un roc qui a grandi à Saint-Émilion et depuis une décennie parcourt la Chine, la réponse est sans appel: « Je suis convaincu que, d'ici à 2010, la Chine figurera parmi les trois principaux producteurs mondiaux de vin. Il suffit d'observer l'évolution du marché de la bière », poursuit l'oenologue. La Chine est devenue l'an dernier la première productrice mondiale de bière.
Le vin a été introduit en Chine par les jésuites au XVIIIe siècle. Mais les cultures sont restées longtemps limitées et le vin de qualité médiocre. Les premiers vignobles industriels se sont développés sur cet héritage des missionnaires. Dans les années 80, des investisseurs occidentaux ont tenté de développer des sociétés mixtes avec des partenaires chinois (Pernod Ricard, William Peters, etc.), mais ont essuyé de nombreux déboires. Beaucoup se sont retirés. C'est en 1994 que les autorités chinoises se sont fixé pour objectif de rattraper les standards internationaux. En même temps que de développer le vin chinois.
Voilà dix ans, le vin rouge n'apparaissait qu'exceptionnellement sur les tables chinoises. Le vin étranger était inabordable en raison des énormes taxes à l'importation. Une bouteille de vin de table équivalait à un mois de salaire. Et les rares privilégiés autorisés à le tester trouvaient ce goût trop acide. Il est vrai que les importateurs français n'avaient pas fait dans la dentelle en profitant de l'ignorance des Chinois. Et le vin produit localement n'était guère fameux. Mais les Chinois apprennent vite, et lorsque les concurrents australiens, californiens et même roumains sont arrivés en Chine avec des vins raisonnables, les consommateurs ont fait la différence.
Entre-temps, le niveau de vie a augmenté, les taxes douanières ont baissé, les grandes surfaces comme Carrefour s'y sont établies. Le vin est apprécié par la nouvelle génération citadine, souvent partie étudier ou voyager à l'étranger.

Neuvième rang mondial :
Présenter du vin à sa table permet de se situer socialement. « Quand on est pauvre, on boit de l'alcool blanc, quand on est dans la moyenne, on boit de la bière, mais quant on est riche, on boit du vin ! » explique, un promoteur d'une cinquantaine d'années qui régale ses invités d'une bouteille de « bu-er-do » (bordeaux) ! Selon les estimations, cette classe des amateurs de vin recouvrirait un marché de 200 à 400 millions de consommateurs. 90 % du vin consommé en Chine est produit localement. Un beau potentiel, d'autant que le gouvernement encourage cette évolution. Même la propagande s'y met, affirmant sur les ondes des radios et télévisions qu'un verre de vin rouge par jour est bon pour la santé.
La Chine est au neuvième rang mondial et va augmenter sa production, explique Li Hua, 45 ans, l'oenologue en chef du gouvernement chinois. Formé à l'Institut d'oenologie de Bordeaux-II, francophone, Li a créé une faculté d'oenologie à Yangling, la zone de haute technologie située près de Xian. Il siège comme député du Shaanxi à l'Assemblée nationale. La culture du raisin présente des avantages, explique-t-il. Le raisin peut s'adapter à des terroirs pauvres et résiste à la sécheresse. Sa culture donne des emplois aux paysans et protège l'environnement. Et l'on pourra développer le tourisme viticole.
Encore faudrait-il que la Chine produise du vin de qualité. Depuis 2004, le gouvernement (central et local) finance des travaux de recherche: la Chine veut trouver des cépages adaptés à ses terroirs, tout en préservant leur diversité. L'institut de Yangling possède une collection de 300 cépages et Li Hua remettra à la fin de l'année un projet de développement pour l'industrie viticole chinoise. « Notre priorité, c'est d'abord d'occuper le marché domestique. Mais nous visons aussi l'exportation. » Dans ce contexte, existe-t-il une possibilité pour les viticulteurs français de s'installer en Chine ? Oui, affirme Gérard Colin, qui travaille sur un nouveau projet dans le Shandong réunissant des viticulteurs du monde entier. Mais pour s'implanter en Chine, il faut une stratégie et miser sur la qualité !

Jacques Dupont
Les tribulations du vin français en Chine :
Formidable espoir ou nouveau concurrent ? Les producteurs et négociants français sont dubitatifs. Ils rêvent en chiffres: si chaque nouveau riche chinois consommait une bouteille par mois, adieu crise, surproduction et prix en chute libre ! Seulement, les expériences d'exportation récentes ont pour la plupart tourné au fiasco.
« Nous sommes allés en Chine vers 1995 », raconte Bernard Jeanjean, un important opérateur du Languedoc, propriétaire de maisons de négoce dans la vallée du Rhône et à Cahors. « Nous n'avons eu que des problèmes : dirigeant sur place malhonnête, clients qui ne payaient pas. On a cédé 50 % de la société à la mairie de la ville. Puis, on a voulu s'installer à Shanghai, mais on n'a trouvé personne pour relayer. » Beaucoup de ceux qui ont tenté l'aventure à cette époque ont perdu de l'argent. La plupart avaient mal évalué les besoins de la Chine. Alors que le marché japonais a été patiemment conquis par des marques de qualité (Moët et Chandon, Georges Duboeuf, etc.), on a souvent proposé au consommateur chinois des piquettes. C'était se tromper. Ceux qui en Chine avaient les moyens d'acheter du vin avaient des revenus comparables aux Russes qui buvaient du vin de Château-Margaux dans les palaces parisiens », raconte Jean-Pierre Rousseau, négociant à Bordeaux.
À l'orée du changement de millénaire, second plantage. Une surestimation du miracle économique chinois : « En 1998, dès qu'un Français revenait de Chine, il n'avait qu'une idée: expédier du vin là-bas. Il en est parti beaucoup trop. Des conteneurs entiers se sont retrouvés bloqués à Canton. Il y a eu des grands châteaux de Bordeaux vendus en douce par les douanes. Ç'a été une pagaille et le marché a été cassé », se souvient Bernard Jeanjean. Pendant ce temps-là, les Australiens occupaient peu à peu le terrain avec des produits haut de gamme, fortement « marketés ». Et de futurs oenologues chinois se formaient dans les universités de Bordeaux ou de Montpellier et des Français exportaient leur savoir-faire en Chine. Pour autant, la demande en vin de qualité dans ce pays de haute gastronomie devrait pour encore un bon moment dépasser les capacités de production des vignobles locaux. Malgré les déconvenues, Bernard Jeanjean confie: « On envisage d'y retourner ! » Avec de grands vins et des appuis locaux.
© le point 30/06/05 - N°1711 - Page 64
Le producteur N° 1 chinois est l'entreprise HuaXia-Great Wall Winery (Grande Muraille) et le meilleur rapport qualité prix en 2006 revient à Dragon Seal, loin derrière au 12e rang.

Informations complémentaires aux liens suivants sur le WEB :