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Beaujolais

Beaujolais

Apparent point de jonction géographique entre ce que l'on nomme la Grande Bourgogne et le début des Côtes-du-Rhône, le Beaujolais est bien mieux qu’un vignoble « intermédiaire », c’est un pays de vin à lui tout seul. Il occupe aujourd’hui environ 15'000 hectares et représente à peu près un million d’hectolitres de vin par an. Il commence au nord avec le val d’Azergues et le village de Chasselas, et descend jusqu’à la charmante commune de L’Arbresle, où l’atmosphère lyonnaise commence à se faire sentir. Tout cela se matérialise par une bande de 55 km de vignes en longueur pour 12 à 15 km de large. La limite ouest du vignoble n’est autre que le relief arrondi des monts, succession de collines et de coteaux qui plongent doucement et progressivement jusqu’au lit de la Saône. Les meilleures parties du vignoble sont situées à des altitudes comprises entre 200 et 500 m, avec, on s’en doute, des écarts de maturité conséquents entre un « haut » Chiroubles et un Fleurie de bas de coteau.

Tout le monde connaît l’histoire de Philippe le Hardi, Duc de Bourgogne, qui, par un édit bannit en 1395 le « Gaamez (Gamay) » déloyal des vignobles de son duché. Bien heureusement, le cépage trouva terre d’élection plus au sud, sur les granites et schistes de la zone des Crus. Et là, le mariage fut heureux, le cépage mûrissant beaucoup mieux sur ces sols pauvres et acides, qui lui confèrent un relief et un parfum uniques. Aujourd’hui la diversité des styles est de mise, les traditionnalistes pratiquant la vinification beaujolaise traditionnelle (macération semi-carbonique) cohabitent avec les vignerons dits « nature » (macérations carboniques strico sensu), mais également les adeptes de l’école bourguignonne (égrappage et élevages sous bois) et même - hélas ! - les nombreux aficionados des MPC (macérations préfermentaires à chaud), appelées localement « thermos » et qui donnent des vins noirs comme de l’encre mais quasi mort-nés. L’amateur choisira selon ses goûts mais la tradition a notre faveur.

Pour dire un mot sur les appellations, rappelons qu’en plus des vastes AOP Beaujolais (surtout le sud et les Pierres Dorées) et Beaujolais-villages (plus au nord et homogène), les célèbres crus sont au nombre de 10. Brouilly prend appui sur des sols granitiques et donne naissance à des vins ronds, spontanés et gourmands, quand ils ne sont pas « tordus » par des vinifications technologiques. Sise sur un éperon de roche volcanique en son centre, la Côte-de-Brouilly donne des vins plus structurés et épicés, lents à se faire. En remontant au nord-ouest vers la matrice granitique, Régnié, le plus récent des crus, donne des vins tantôt tendres et gourmands, tantôt structurés, quand ils regardent Morgon. Et pour parler de ce célèbre et vaste voisin, découpé en « quartiers », le point commun des vins de la commune est ce caractère inimitable d’épices et de kirsch, qui varie de la fermenté de jeunesse à plus de suavité en vieillissant. Situé un étage au-dessus dans le coteau, Chiroubles rappelle davantage Fleurie dans ses parfums, avec cette sapidité et fraîcheur particulières des granites d’altitude. Sur Fleurie justement, le granite rose règne en maître et les vins prennent des parfums inimitables de fleurs et de poivre, se laissant approcher dès leur jeunesse. La partie nord de l’appellation nous amène directement sur les hauts de l’appellation-reine, Moulin-à-Vent, à cheval sur deux communes : Chénas dans la partie la plus au nord et en altitude, Romanèche-Thorins dans la partie la plus basse et méridionale. Le centre du cru regorge de grands terroirs qui, quand ils sont traités avec tous les égards, donnent les plus grands vins de la région, capables de vieillir aussi bien que de grands Bourgognes, la ressemblance dans le temps devenant même frappante. Concernant le cru Chénas, il rappelle son jumeau de Moulin-à-Vent avec moins de corps et un peu plus de vivacité. Enfin plus au nord, avec Juliénas et St-Amour, on quitte les granites pour aller vers l’argilo-calcaire, qui donne au gamay une autre assise tannique et un fruité spontané, même si les meilleurs Juliénas vieillissent vingt ans et plus.

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