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qui dort dîne

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Voilà une expression intéressante, pas par ce qu'elle signifie et qui aura du mal à convaincre un affamé, mais pour les variantes sur son origine.
D'un côté, nombreux affirment qu'elle vient du Moyen Âge lorsque le voyageur qui voulait dormir dans une auberge était contraint également d'y dîner, sous peine de se voir refuser le gîte.
Autrement dit: "si tu manges, tu dors, si tu manges pas, tu sors !", ce qu'on appelle aujourd'hui de la vente conjointe forcée et qui n'est plus autorisé (en théorie).
Le dicton remonte au XVIIIe siècle. Il était placardé au mur des auberges, à l'intention des voyageurs: ceux qui voulaient louer une chambre devaient dîner sur place. Et scientifiquement, c'est plutôt l'inverse - qui dîne dort - qui serait logique.
D'un autre côté, nous avons Alain Rey, linguiste distingué, qui passe entièrement cette hypothèse sous silence et nous apprend que ce proverbe vient de l'ancienne pensée "le sommeil nourrit celui qui n'a pas de quoi manger" exprimée par le grec Ménandre, auteur, entre autres, de "la nuit porte conseil", mais aussi d'une citation qui vaut une réflexion: "La terre et la mer produisent un grand nombre d'animaux féroces, mais la femme est la grande bête féroce entre toutes". Cette explication n'est pas reprise par d'autres lexicographes dans les sources dont on dispose.
Alors qui a raison, entre l'érudit qui propose une opinion qu'il semble être le seul à défendre et la masse qui en diffuse une autre ?
 
Notez que même si Ménandre a bien émis cette pensée, rien n'empêche que les aubergistes d'autrefois aient pratiqué la vente forcée. Les deux explications ne sont donc pas incompatibles.
D'un point de vue historique, donc, le dicton "qui dort dîne" trouve une explication logique. D'un point de vue médical, peut-être vaudrait-il mieux dire "qui dîne dort". Car contrairement à ce que dit l'adage, il est préférable de dîner avant de dormir !
Manger fait dormir
En effet, la nuit, nous dépensons certes moins d'énergie que le jour, mais cette dépense n'est pas nulle. Or le cerveau a besoin de sucre en permanence. D'ailleurs, notre corps nous le fait comprendre: il est plus difficile de s'endormir lorsqu'on a faim.

Et si celle-ci surgit pendant la nuit, elle nous réveille, au risque de provoquer des malaises liés à une hypoglycémie chez les personnes fragiles. Des expériences chez l'animal montrent même que le jeûne peut supprimer totalement le sommeil.
Ce n'est pas tout. Le volume et la nature des repas influencent la durée et la répartition des différentes phases du sommeil. Ainsi, les rats soumis à un régime riche dorment plus longtemps. Chez l'homme, l'absorption de glucides augmente, dans un délai de 30 à 60 minutes après l'ingestion, la tendance à la somnolence. À l'inverse un repas protéique semble améliorer les performances psychomotrices.
Dormir peu fait manger trop
Pourquoi? Un repas riche en glucides provoque une sécrétion d'insuline: cette hormone génère à son tour une augmentation de sérotonine. Cette substance intervient en accélérant le phénomène de satiété, mais elle est aussi est l'un des acteurs de l'endormissement. D'ailleurs, il existe plus de personnes souffrant d'obésité parmi les personnes qui dorment peu.
Normal, la réduction du temps de sommeil est associée à une diminution de l'hormone de la satiété, la sérotonine. À l'inverse un repas riche en protéines réduit la synthèse de sérotonine et permet ainsi le maintien de la vigilance.
Manger trop fait mal dormir
À tout ceci, on pourrait ajouter "qui dîne trop, dort mal". En effet, le sommeil demande une température interne relativement basse. Si le repas du soir est très abondant, la digestion, qui augmente la chaleur corporelle, dure plus longtemps et compromet le repos de la nuit. Pour la même raison, mieux vaut attendre au moins 1 heure 30 après le repas avant de se coucher.
Bref, le dicton actualisé à la lumière des connaissances d'aujourd'hui devient "Qui dîne correctement, passe une bonne nuit".

Source: Union des Maisons de Champagne- UMC