Vignoble d'Australie qui, avec une production qui n'atteint pas 3% du volume national, Hunter Valley doit à des raisons historiques d'être devenue la région la plus fameuse, et à la qualité de ses vins de l'être restée. C'est ici que la viticulture australienne a démarré vers 1820. En fait, c'est en 1791 que les tout premiers ceps furent importés en Australie, implantés par le Gouverneur Philip à Govenment House, Parramatta. Mais c'est à James Busby, un des premiers vignerons de Hunter Valley, que l'on attribue un rôle capital dans le développement de la vigne en Australie, tant par ses écrits que par ses actions. En 1832, il importait de nombreux cépages européens. On se plait à rappeler avec quelle générosité il prit sur ses propres plants et, suivi en cela par quelques vignerons déjà installés, fit distribuer quelque 20'000 pieds de vigne aux nouveaux arrivants dans la région. Son domaine de Kirkton a inspiré de nombreux viticulteurs de l'époque. Parmi ceux-ci, un certain Dr Lindeman, immigré en 1840 et qui fonda son Cawarra Estate en 1843, à Gresford. Le climat n'est cependant pas idéal: la sécheresse n'est interrompue que par des pluies diluviennes, malheureusement au moment des vendanges. Les sols, en général trop argileux et mal drainés, peuvent être intéressants par endroits, constitués ici de dépôts volcaniques, là de dépôts marins. Et la région n'a pas souffert du phylloxéra; par contre, le mildiou l'a durement touchée en 1917. Les rouges ont une robe grenat limpide, sont très vineux, en général bien équilibrés, et vieillissent très bien. La syrah (shiraz) est le cépage rouge principal. Elle donne ici des vins très colorés, corpulents et capiteux. Sans grand rapport avec les vins de la vallée du Rhône, ils se distinguent aussi des autres australiens par un moindre fruité, les arômes secondaires -notamment de cuir, mais aussi de terre, de café, de chocolat- étant prédominants. Ce sont des vins de très longue garde, qui se bonifient pendant 10 ans ou davantage. Cependant, la demande croissante de vins plus souples, plus faciles, suscite la diversification des styles, et Hunter Valley n'est plus toujours ce qu'elle était. La vallée se cherche un peu, et l'on a vu apparaître des vins de pinot noir, et surtout de cabernet sauvignon, souples et fruités, consommables jeunes. En blanc, le sémillon (qui a longtemps été baptisé "Riesling") est le plus intéressant. Contrairement à la pratique générale en Australie, il n'entre pas en contact avec le bois. Jeune, il est mince et légèrement végétal. Il faut l'attendre au moins 4 ans, et il ne révèle toute sa splendeur qu'après 10, voire 15 ou 20 ans. C'est alors un grand vin plein, opulent et gras, et cependant sec (donc non comparable aux liquoreux de notre Sud-Ouest), encore remarquablement rais, particulièrement aromatique, au goût persistant de miel ou de noisettes grillées. Le chardonnay est désormais plus répandu que le sémillon. Il donne des vins gras, mûrs, riches, présentant des flaveurs intenses, et qui se boivent très bien jeunes, mais qui ne se classent pas parmi les meilleurs du pays. Le cœur du district est Pokolbin, entre Cessnock et Branxton, à 2 heures de route au nord de Sydney, et à 60 kilomètres à l'ouest de Newcastle. La région tendait à s'assoupir sur ses lauriers dans les années 70, aussi le développement de nouveaux vignobles dans la haute vallée de l'Hunter, avec des vinificateurs pratiquant des méthodes modernes et soucieux de satisfaire le public à des prix raisonnables, est arrivé à point pour donner un coup de fouet à toute la vallée. Mais la demande est telle que beaucoup de vin vendu ici vient en fait d'autres régions. En dépit de la modestie et de la simplicité des caves, ce n'est pas ici que l'on pourra trouver le meilleur rapport qualité/prix.