Livraison offerte dès Fr. 300 d'achat ou 18 bouteilles, sinon Fr. 15
Israël est coincé entre la Méditerranée à l'ouest, le Liban et la Syrie au nord, la Jordanie à l'est et l'Égypte au sud-ouest. Avec un territoire grand comme l'île de Vancouver avec 550 kilomètres du nord au sud et 80 kilomètres dans sa plus grande largeur, Israël compte cinq grandes régions viticoles.
Au nord, la Galilée se divise entre la Haute et la Basse Galilée, le Mont Tabor et le massif du Golan. La Samarie à l'ouest, la plus grande région vinicole d'Israël en superficie, longe le littoral méditerranéen avec le Mont Carmel et la plaine côtière. La région de Samson, au centre du pays, est enclavée entre les collines de Judée à l'est et la plaine côtière à l'ouest. Puis viennent les Collines de Judée (Harey, Yehuda) dans la région de Jérusalem comprenant Bethléem et Hébron et enfin le désert du Néguev, au sud de la ville de Beer Sheva, comprenant les montagnes d'Arad à l'est où, depuis quelques années, l'industrie viticole s'est considérablement développée grâce à des techniques ultramodernes d'irrigation.
Israël dispose d'une grande variété de sols et de climats. Au nord, dans le Golan, la plus importante sous-région de la Galilée, des roches volcaniques jumelées au climat froid, neigeux en hiver, chaud et sec en été avec une certaine fraîcheur, contribuent au microclimat. Le long du littoral dans la région de Samarie, les sols sont calcaires, sableux et ferrugineux avec un climat maritime chaud et humide en été et frais et pluvieux en hiver. Plus au sud aux environs de Jérusalem, nous retrouvons des sols calcaires et un climat plus continental, froid et sec en hiver, chaud et sec en été. Enfin au sud dans le Néguev, du sable et de la chaleur à longueur d'année, avec quelques rares précipitations en hiver qui favorisent le cabernet sauvignon, le merlot et le chardonnay qui ont particulièrement réussi sur ces terres semi-arides.
Tous ces climats et sols apportent une signature bien distincte au terroir de chaque région, ce qui donne cette diversité de cultures de différents cépages. En Israël, seule l'espèce Vitis Vinifera croît (cabernet sauvignon, cabernet franc, merlot, syrah, carignan, petite syrah, sauvignon blanc, chardonnay, sémillon, gewurztraminer, muscadet, etc.). Comme Israël est un important producteur d'agrumes et de nombreux fruits, la production d'eaux-de-vie et de liqueurs de fruits est aussi importante.
L'histoire de la vigne remonte aux temps bibliques. Elle a joué un rôle important tout au long de l'histoire du peuple hébreu. Boisson de plaisir, mais aussi boisson de religion puisque la consommation du vin, favorisée dans différentes célébrations religieuses du calendrier juif, est mentionnée de nombreuses fois dans la Bible. L'influence du vin sur la civilisation hébraïque était tellement grande que le symbole actuel du Ministère du Tourisme représente une énorme grappe de raisin portée par deux hommes. Ce symbole rappelle le souvenir des deux explorateurs que Moïse envoya en Terre promise et qui revinrent avec cette grappe gigantesque, témoin de la fertilité des terres qu'ils avaient découvertes dans la vallée du Jourdain.
Jusqu'à la fin du XIXe siècle, la culture de la vigne et la consommation du vin ont été stoppées avec l'arrivée et le règne des Sarrazins de Saladin en l'an 636, et ce, pendant plus de douze siècles. Ce n'est qu'à partir de 1870 que les Juifs recommencèrent à produire du vin à l'initiative du Baron Edmond de Rothschild.
En 1882, le Baron Edmond de Rothschild décide de planter en Israël, alors appelé Palestine, des pieds des vignes provenant directement du Château Lafite Rothschild à Bordeaux, et ce, dans deux villes de la Samarie: Rishon Le Tsion (trad. le premier à Sion) et Zichron Yaacov (trad. En mémoire de Jacob, prénom que le Baron avait donné à l'un de ses fils). Ces deux villes étaient symboliques, car effectivement le Baron de Rothschild fut le premier instigateur de la renaissance du vignoble israélien.
En 1895, le Baron de Rothschild crée la compagnie Carmel Wines Co. Onze ans plus tard en 1906, la première industrie du vin est fondée. Le Baron cède la direction des deux vignobles sous le nom de la société coopérative vigneronne des grandes caves Rishon Le Tzion et Zicchron Yaacov ltd.
L'appellation était en français, en mémoire des origines du Baron de Rothschild. Après une période de crise de l'industrie vinicole dans les années 1920-1930 (Prohibition aux États-Unis, Révolution en Russie et nationalisme arabe grandissant au Moyen-Orient), le vignoble israélien reprend peu à peu son développement, malgré les différentes guerres. Mais, à cette époque la qualité des vins laissait à désirer, car les méthodes de vinification ainsi que le savoir-faire étaient loin d'être ce qu'ils sont aujourd'hui. C'est en 1971 que la société Carmel lance ses propres exportations de cabernet sauvignon et de sauvignon blanc et que le commerce international du vin israélien reprend de plus belle.
En 1980-1981, Carmel Mizrachi commercialise le premier Cabernet Sauvignon Special Reserve 1976 sur le marché américain. Ce vin est désormais considéré comme le premier vin de qualité d'Israël.
Entre temps, une autre grande société vinicole voit le jour dans le nord d'Israël. La société Golan Heights Winery est originaire d'un regroupement de coopératives agricoles. En 1984, l'équipe franco-américaine du vignoble crée les appellations Yarden et Gamla. Les vins d'Israël sont alors reconnus de classe mondiale. À cela s'ajoute l'appellation Golan, qui équivaut à l'entrée de gamme. L'investissement dans la construction de ce vignoble a été énorme puisqu'il a été doté des meilleurs techniques de vinification avec une équipe d'œnologues diplômés de France, de Californie et d'Australie.
Mentionnons un autre grand producteur vinicole, la société Barkan, deuxième producteur après Carmel en termes de quantité et de superficie de vignobles. Créée en 1990, la société Barkan s'est également illustrée dans la qualité des vins produits. La plupart des cépages cultivés sont le chardonnay, le sauvignon blanc, l'Emerald Riesling, le sémillon pour les cépages blancs. Pour les rouges, citons le merlot, la syrah, la petite syrah, le carignan et le cabernet sauvignon.
En 2005, Israël totalise plus d'une centaine de vignobles dont une trentaine sont réellement révélateurs de l'industrie vinicole nationale. Plus de 7'500 hectares de vigne produisent plus de 50'000 tonnes de raisins. Des vignobles comme Domaine du Castel, Benyamina Winbery, Saslove, Dalton, Recanati, Margalit, Tishbi font désormais la fierté vinicole d'Israël.
Arrêtons-nous un instant sur le Domaine du Castel. Situé aux environs de Jérusalem, ce domaine créé en 1988 est réputé produire un des meilleurs, sinon le meilleur vin d'Israël: le Grand Castel, un vin rouge d'assemblage bordelais. On y pratique la vinification de style français, grâce à son œnologue formé à Bordeaux. Son second vin, Petit Castel qui est tout aussi reconnu. Grand Castel, un monument en soi tant par sa finesse et sa complexité, a gagné ses lettres de noblesse à travers le monde lors de différents concours internationaux. Il ne faut pas oublier le «C», un chardonnay de type bourguignon, d'un grand potentiel également et d'une belle richesse.
On ne peut pas parler des vins d'Israël sans parler de vin casher. L'appellation casher n'apporte plus aujourd'hui une connotation négative aux vins comme certains pourraient le penser. Le respect de la Casherout (règlement alimentaire d'ordre religieux) s'inscrit davantage dans la manipulation de la vigne et des équipements de vinification par des juifs que par tout autre procédé qui altérerait la qualité du vin. Ce procédé existe effectivement en pasteurisant le vin dont la consommation est destinée principalement aux religieux qui représentent une infime partie des consommateurs de vin en Israël.
Depuis ces dix dernières années, la consommation du vin par habitant en Israël a considérablement augmenté et représente actuellement entre 6 et 6,5 litres par année (11 litres aux États-Unis). Pendant longtemps, Israël produisait des vins doux sans grand intérêt. Toutefois, les habitudes de consommation ont changé. 80 % de la production vinicole totale est réservée aux vins rouges et blancs secs.
Il faut également préciser qu'Israël est aussi un grand consommateur de vins de France, d'Italie, d'Australie, du Chili, d'Argentine et des États-Unis. Cela constitue un défi supplémentaire pour les producteurs israéliens, car ils doivent produire des vins de qualité encore meilleure pour éviter une baisse de consommation de vins locaux.
On peu affirmer que le patrimoine vinicole d'Israël n'est plus à mettre à l'écart des autres pays vinicoles. Les prouesses technologiques accomplies ces dernières années conjuguées à un savoir-faire toujours plus avancé, Israël mérite toute sa place parmi les pays producteurs de vins du Nouveau Monde. Les quantités exportées sont certes moins importantes que d'autres grands pays vinicoles, mais la qualité des vins d'Israël gagne vraiment à être connue et reconnue.