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Conservatoire Mondial du Chasselas

Un conservatoire pour valoriser le Chasselas dans le monde - Un patrimoine viticole à protéger. La Fondation a son siège à Place d'Armes 2 à 1096 Cully. 

Source : Pierre-Emmanuel Buss – Quotidien Le Temps – 26.08.2010 

Le projet de Louis-Philippe Bovard a été baptisé le 25 août 2010. Première récolte prévue en 2013. 

Valoriser le Chasselas, patrimoine historique de Lavaux et de la viticulture suisse. L’idée trottait depuis longtemps dans la tête de Louis-Philippe Bovard, propriétaire-encaveur à Cully. Elle a abouti formellement hier, à l’occasion du baptême officiel du Conservatoire Mondial du Chasselas, inspiré des centres français consacrés au Pinot noir ou aux plants régionaux alsaciens. 

La démarche, soutenue à hauteur de 30'000 CHF par les Retraites Populaires vaudoises, vise à conserver et étudier 19 clones de Chasselas en collaboration avec l’Agroscope de Changins et l’Office vaudois de la viticulture. Les plants sont situés sur une parcelle de 3'000 m2 mise à disposition par le Domaine Louis Bovard sur la commune de Rivaz. Trois cents pieds des cinq clones les plus réputés du canton de Vaud (le Fendant roux, le Vert de la Côte, le Giclet, la Blanchette et les Bois rouges) ont été plantés ce printemps. « Ils seront vinifiés séparément après la première récolte, à l’automne 2013 », indique Louis-Philippe Bovard. 

Le Conservatoire doit permettre, à terme, de diversifier les clones de Chasselas dans le vignoble vaudois. Une diversité menacée : durant l’hiver 1956, les froids polaires avaient anéanti une forte proportion du vignoble, obligeant les vignerons à replanter des sélections plus généreuses et résistantes. « Aujourd’hui, 90% du Chasselas est constitué de RAC 6, un clone développé à l’époque à Changins, estime Louis-Philippe Bovard. "Les objectifs du Conservatoire du Chasselas sont d’initier la recherche sur cépage dans le monde entier, de permettre de faire des tests sur les différentes variétés et de pousser les vignerons à diversifier la culture et d'assurer une production importante, de bien résister aux maladies et d’avoir une bonne teneur en sucre.", précise Louis-Philippe Bovard qui a créé par la même occasion une Fondation pour la valorisation du Chasselas. La première récolte aura lieu dans trois ans, avec vendanges et vinifications séparées. Aujourd’hui, on recherche plus de diversité avec notamment des variétés moins productives. » 

S’adapter à la hausse des températures 

La dimension scientifique du projet doit permettre d’étudier les caractéristiques des différentes sélections de la variété Chasselas réunies pour la première fois dans un même lieu. La communication sera importante, afin d’inciter les vignerons de la région à intégrer de nouveaux plants pour complexifier leurs vins. « Certaines sélections sont beaucoup plus acides que celles qui sont utilisées aujourd’hui, précise François Murisier, président de la Fondation du Conservatoire Mondial du Chasselas. Elles seront peut-être mieux adaptées à la hausse des températures liée au changement climatique.» 

Le Chasselas est vaudois 

De fins limiers pistent l'origine du Chasselas 

Rechercher l’origine d’un cépage revient à se livrer à une enquête policière où les pistes et les fausses pistes ne cessent de se croiser. Mais la vraie révolution qui relie l’étude de la vigne, la criminologie ou la recherche en paternité, c’est l’utilisation de l’analyse génétique. 

Jusqu’à récemment, pour identifier un plant de vigne, l’ampélographie ne pouvait observer que les signes extérieurs de la plante : la forme des feuilles, le type de grappe, la teinte des raisins, etc. Avec les limites que l’on connaît. Grâce à la biologie moléculaire, il est désormais possible de s’intéresser à ce qui se trouve à l’intérieur de la plante : l’ADN, soit l’empreinte génétique de l’organisme. 

L’analyse consiste à prélever de l’ADN sur de très jeunes feuilles d’une longueur d’environ un à deux centimètres, puis de révéler ensuite ce code génétique unique. En lui associant les données historiques, il est désormais possible de proposer une localisation plus précise de l’origine d’un cépage. 

Mission Chasselas 

Formé à la méthode ADN développée à l’Université de Davis, en Californie, le biologiste et généticien valaisan Dr. José F. Vouillamoz a, dès son retour en Suisse, travaillé avec sa collègue le Dr. Claire Arnold sur les profils génétiques des cépages cultivés en Suisse. C’est sur cette base que la Communauté interprofessionnelle du vin vaudois et la Confrérie des Vignerons de Vevey leur ont confié le mandat de l’étude historico-génétique sur l’origine du Chasselas. 

Entre fausses pistes et repères historiques 

Les premières mentions du Chasselas apparaissent aux XVIe et XVIIe siècles d’abord dans le Wurtemberg, en Allemagne, puis en Bourgogne, en France, et dans le canton de Vaud. Parallèlement on lui a attribué quantité d’origines aussi lointaines que farfelue telles que la vallée du Jourdain, l’oasis de Fayoum en Égypte ou encore Constantinople. 

L’origine vaudoise ou la confirmation historique d’une tradition séculaire

L’étude génétique conduite par le Dr. Vouillamoz sur l’origine du Chasselas s’est terminée en 2009. Elle s’est déroulée en trois phases (511, 317 et 132 cépages d’Europe et du Proche-Orient) et permet de tordre le cou aux hypothèses les plus farfelues comme les pistes proche-orientale ou égyptienne. 

• Si les parents du Chasselas restent certes inconnus, comme c’est souvent le cas pour les très anciens cépages, 20 variétés clonales, toutes avec le même ADN ont pu être identifiées. 

• Le Chasselas présente des affinités génétiques avec la majorité des vieux cépages de l’arc alpin, tels que le Teroldego, le Lagrein ou l’Altesse et a donné naissance au Mornen noir. «La Bourgogne où le Chasselas était mentionné en 1612 sous le nom de Fendans, Fendant ou Lausannois se trouve dans la zone d’affinités génétiques du Chasselas, en particulier le village homonyme qui constitue très vraisemblablement un lieu de transition du cépage.» 

• Le nom de Lausannois ou Luzannois « trahit encore plus vraisemblablement la provenance initiale du Chasselas ». 

L’hypothèse la plus vraisemblable est de situer l’origine du Chasselas dans l’arc lémanique, plus probablement dans le canton de Vaud. 

Conclusion 

C’est donc sur une belle pirouette du destin que se termine cette fascinante enquête « policière » : les Vaudois doivent à un Valaisan la preuve scientifique que « leur » Chasselas est un cépage vaudois autochtone. 

Et l'avenir 

Cette étude motive bien sûr tous les efforts du vignoble vaudois en faveur du Chasselas, que ce soit à la vigne, en cave ou sur le marché. 

Quant au Conservatoire mondial du Chasselas, qui vient de démarrer ce printemps 2010 par la plantation de clones provenant des collections de Pully, de la Loire, d’Alsace et de la région de Bade, il prolonge les effets de l’étude. Cinq clones vaudois, le Bois rouge, le Fendant roux, le Giclet, le Vert de La Côte et la Blanchette du Chablais ont déjà été plantés en quantités suffisantes pour obtenir des microvinifications d’ici 2013. Avec pour objectifs, de trouver les meilleurs plants en adéquation avec le climat et le sol. Preuve que l’histoire d’amour entre le canton de Vaud et son cépage de prédilection est encore loin d’être terminée. 

Françoise Zimmerli – Sources : Étude historicogénétique de l’origine du Chasselas, Dr. J. F. Vouillamoz et Claire Arnold, Université de Neuchâtel, NCCR Plant Survival. 

Voir également "Mondial du Chasselas".Sitographie :