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À la différence de beaucoup d'autres pays, la consommation de la bière, la boisson nationale tchèque, servie à la pression, est en hausse. Actuellement, la bière à la pression représente dans les 54 % de toute la consommation de ce qu'on appelle, en plaisantant en Tchèquie, le pain liquide. La moyenne de la quantité de bière consommée reste stable, en République tchèque, alors que la tendance est plutôt à la baisse, dans les pays développés. Les Tchèques, amateurs de bière, changent aussi leurs habitudes en matière de consommation: au lieu de boire, pourrait-on dire, tout simplement leur chope au café, sans y regarder trop à la marque ou au type de bière, ils commencent à s'intéresser, beaucoup plus à la qualité, aux spécialités, à la présentation du breuvage national.
Jan Vesely, président de l'Union des brasseries tchèques, affirme que les petits brasseurs commencent à comprendre qu'ils ne peuvent plus concurrencer les grandes marques en produisant le même genre de bière. Il est inutile qu'une petite brasserie locale produise la même bière, ou une bière semblable même au Prazdroj de Plzen, connu dans le monde sous l'appellation de Pilsner Urquell. Elle ferait faillite bien vite, car le consommateur préférera, naturellement, l'original. Jan Vesely est persuadée que le changement dans le comportement des amateurs et consommateurs de bière est arrivé avec le changement de régime, après la chute du communisme. De nouvelles marques sont en effet apparues, les jeunes consommateurs surtout, recherchent les nouveautés. Alors que sous le communisme, il y avait une dizaine de marques, de nos jours, le nombre des spécialités, en matière de bière, augmente constamment. En 2002, en comparaison avec l'année précédente, la hausse a été de 133 %.
Zdenek Mikulasek, porte-parole d'une petite brasserie portant le nom de Bernard et qualifiée de familiale, ce qu'elle est en fait, indique que la part des bières spéciales sur le marché international est plus importante qu'en Tchéquie, de nos jours encore. Il est certain que cette part augmentera encore, à l'avenir, dans le pays. Selon lui, les petites brasseries peuvent s'adapter plus facilement, et surtout plus rapidement aux nouvelles tendances, aux nouvelles modes, que les gros brasseurs. Le principal reste la qualité et l'originalité. Son grand collègue, de la plus grosse brasserie tchèque, Plzensky Prazdroj, celle qui fabrique l'une des bières tchèques les plus connues, Alexej Bechtin, confirme que l'intérêt pour les bières de haute qualité est en hausse. Il avance le fait que la consommation de la Pilsner Urquell, le fleuron de la brasserie, ou de la Radegast, une bière produite par une brasserie morave, mais faisant partie du même holding, est en hausse constante, au détriment de la bière à faible taux d'alcool, dont les Tchèques étaient et sont toujours de grands consommateurs. Il existe aussi de la bière sans alcool, disons plutôt à un taux d'alcool que les automobilistes peuvent consommer, même si le code de la route stipule une interdiction totale de la consommation d'alcool au volant. La demande de cette bière, brassée par certains producteurs, est en hausse constante aussi. Plus de 30 % en comparaison avec l'année passée !
À part la Pilsner Urquell, la bière tchèque la plus connue est certainement celle de la brasserie de Ceské Budejovice, en Bohême du sud. Vous voulez savoir pourquoi? Tout simplement à cause d'un différend compliqué en matière de brevet ou plutôt d'appellation de cette bière de grande qualité. En effet, le plus gros brasseur américain Budweiser, de Anheuser Bush, utilise la marque Budweiser. Comme vous pouvez le deviner, l'appellation a quelque chose à voir avec le nom de la ville tchèque Budejovice, plus exactement Ceske Budejovice. Le litige dure depuis des années et est loin d'être réglé. Dans certains pays, la bière de Budejovice est vendue sous l'appellation de Budweiser, ce qui est juste, dans d'autres, là où l'Américain a gagné les procès, les Tchèques doivent se contenter de l'appellation Budvar, ce qui veut dire la même chose que Budweiser, en fait, donc brassé (var en tchèque) à Budejovice! Question qualité, je ne voudrais pas critiquer la bière américaine, mais en connaisseur, c'est de l'eau aromatisée et alcoolisée à côté du breuvage, d'ailleurs assez lourd, brassé à Ceske Budejovice.
Vous voulez savoir pourquoi les bières tchèques de qualité ont une saveur, une mousse, un goût différent ? Le principal, à part le houblon, qu'on appelle en tchèque « l'or vert », est l'eau utilisée. Ainsi donc, la bière de Pilsen est plus alcaline que celle de Budejovice par exemple. La Pilsner Urquell est même recommandée par les médecins pour les personnes atteintes de troubles de fonctionnement des reins. Selon l'Union des brasseries tchèques, qui vient de lancer un projet intitulé « La bière tchèque », on doit consommer moins de bière, mais plus fréquemment. Avouons que ce n'est pas facile à comprendre! Enfin, les responsables de l'Union, les brasseurs donc, reprennent les arguments des médecins concernant les boissons alcoolisées : « Consommer, mais avec modération ». Les Français connaissent bien ce slogan omniprésent sur les autoroutes. Il est absent sur les autoroutes tchèques. Bien sûr puisque l'alcool au volant est totalement interdit! Pour ceux qui ne conduisent pas, les grands de la médecine recommandent deux chopes d'un demi-litre par jour pour les hommes. Mais attention, pour le sexe faible, la consommation de bière ne devrait pas dépasser les deux demis par jour. L'Union des brasseries tchèques, dans le cadre de son projet «La bière tchèque», vient de lancer une nouvelle initiative: le codex du marketing de la bière. Objectif primordial: effectuer la promotion de la bière, certes, mais de la manière la moins agressive possible. Il est clair que cela concerne, surtout, les gros brasseurs, car une brasserie locale ne fera certainement pas de la publicité sur une chaîne de télévision nationale.
La brasserie la plus connue en Tchéquie? Certainement celle qui se nomme U Fleku - Chez les Flek. Elle produit sa propre bière, une brune assez forte, se trouve à Prague et attire, surtout les touristes. Nous vous recommandons plutôt une bonne et belle blonde, U zlateho tygra (Au tigre d'or), une Pilsner Urquell pression que vient, de temps en temps, savourer le président de la République, Vaclav Havel. Croyez-le, c'est un connaisseur: sous l'ancien régime, persécuté en tant que dissident, il a travaillé dans une brasserie de Prague, sortant de sa plume la fameuse pièce de théâtre, L'audience... de la bière, il en est vraiment question dans ce fameux morceau pour deux personnages: le brasseur et son employé!
En Tchéquie, la bière se prend aussi en bain.
Chaîne en or au cou, chope à la main, Andreï se prélasse voluptueusement dans un bain de bière tchèque aux herbes aromatiques, nouveauté "thérapeutique" que ce riche Moscovite, grand amateur de cures thermales en République tchèque, n'aurait ratée pour rien au monde.
"Nous les Russes, nous aimons les produits naturels. Ici la bière est de première qualité, brassée selon une vieille recette locale et sans conservateur", explique-t-il avec enthousiasme.
L'homme d'affaire russe qui fréquente depuis des années les célèbres thermes de Marianske Lazne, tenait à tester en premier le "pivni lazne" de Chodova Plana, un village situé à proximité de l'ancienne Marienbad (nord-ouest).
Plus que pour écouler leur production, c'est pour attirer les touristes dans leur nouvel hôtel que les propriétaires de la brasserie Chodovar, une des rares structures artisanales à avoir survécu à l'industrialisation, viennent de lancer ces bains.
Depuis longtemps, les alambics de cuivre et le restaurant de cuisine traditionnelle ouvert dans les anciennes caves de la brasserie représentent la seule attraction touristique, comme aussi la principale source d'emploi du village de 1'300 habitants.
Et, alors que les six stations thermales de la région se disputent âprement les clients à coup de "formules bien-être" et de "week-end santé", il fallait innover. "Nous avions la bière, nous avions une source d'eau minérale à proximité, nous avons pensé aux bains de bière", explique fièrement Mojmir Prokes, le jeune gérant, intarissable sur leur "effet rajeunissant", notamment pour la peau.
Un médecin de Marianske Lazne a été chargé de mener des tests, une licence obtenue auprès de l'administration locale, six grandes baignoires de métal poli fabriquées sur mesure, une infirmière diplômée recrutée.
Klara Kovacsova qui a déjà travaillé en balnéothérapie, trouve l'idée "brillante". "Ces bains ne concurrencent pas les thermes classiques", assure l'infirmière qui accueille les visiteurs derrière un bar, en blouse blanche.
C'est elle qui mélange l'eau sulfureuse et la bière brune, dose les herbes aromatiques, surveille la température du bain, installe les "patients" et leur sert la grande chope de bière maison comprise dans le forfait à 550 couronnes (environ 20 euros).
"La République tchèque est mondialement connue pour sa bière, les Tchèques en sont fanatiques: le bain de bière est un excellent concept pour faire parler de soi", reconnaît Jitka Pouzorova, en charge de la promotion du thermalisme au sein de l'Office gouvernemental de tourisme, CzechTourism, basé à Prague.
Il a suffi de quelques articles illustrés dans la presse locale, quelques messages prometteurs sur Internet, pour que les premiers clients, Tchèques, Russes ou Allemands, s'empressent.
"Les Russes ont de l'argent, ils veulent le meilleur, que ce soit pour l'eau minérale ou pour la bière", explique Andreï, venu pour la journée avec un groupe d'amis.
Chaque année, ses compatriotes affluent plus nombreux dans les thermes tchèques, surtout à Karlovy Vary (Carlsbad), leur destination préférée.
En 2005, environ 315'000 personnes ont séjourné dans les stations thermales du pays, dont un tiers d'étrangers. En nombre, les Russes arrivent loin derrière les Allemands ou les Autrichiens, mais restent plus longtemps et dépensent sans compter, selon CzechTourism.
Autant que les étrangers, le "pivni lazne" vise les Tchèques. Les statistiques officielles montrent que, malgré la baisse des remboursements de l'assurance-maladie, la population consomme de plus en plus de soins thermaux, quitte à payer de sa poche.
Au-delà de la tradition médicale des cures, très ancrée, "le pays se laisse conquérir par la mode "+santé, beauté, bien-être+", analyse Jitka Pouzorova.
En même temps, les Tchèques sont les plus gros consommateurs de bière du monde, ce qui peut nuire à leurs efforts esthétiques, mais sûrement pas aux objectifs de la brasserie Chodovar.
Sitographie :