alcoolémie au volant

Contrairement à ce qui est annoncé par les médias ou dans les messagespublicitaires, notons que pour une même quantité d'alcool ingérée, le tauxd'alcool dans le sang est extrêmement variable selon lepoids, le sexe du buveur et le moment d'absorption (à jeun ou en mangeant). Lebuveur régulier de boissons à base d'alcool abaisse en quelque sorte les effetsde son taux d'alcoolémie, tout comme le sportif entraîné élève son degré deperformance. S'il est incontestable que l'alcool entraîne progressivement unediminution de maîtrise, celle-ci n'est pas identique chez l'individu accoutuméou non aux effets d'une alcoolémie. L'effet de l'alcool dépendra également del'état de fatigue et de la forme physique ou de la santé en général. Mieux vaut donc s'abstenir si l'on est seul au volant. Àplusieurs convives, une formule prudente consiste à charger une personne sobrede tenir le volant. Organisez-vous en utilisant les transports publics, letaxi, à moins qu'il vous soit possible de rentrer à pied. Pour vos invitations,si vous le pouvez, proposez à vos amis intimes un hébergement jusqu'aulendemain. Voici une solution de convivialité prudente, sans laquelle vousserez en souci jusqu'au retour de vos amis chez eux et vous ne vous endormirezpas à l'idée de votre complicité, avantd'avoir été prévenu par deux sonneries de téléphone.

Quant aux vins consommés au restaurant, l'amateur enrage devant le seuiltoujours plus bas que nous fixe la loi (France 1995: 0,5 pour mille).

On peut donc imaginer que les restaurateurs proposent à la clientèle depouvoir quitter l'établissement avec la bouteille entamée. Certains grandsrestaurateurs se montrent d'accord avec le principe, mais pensent qu'un courantdoit se créer et que la presse peut y contribuer. Pourquoi pas? Comme dans lesrestaurants asiatiques aux Etats-Unis, qui proposent spontanément un«doggy-bag» (emballage imperméable spécial pour chien), dans lequel sont placésles restes des plats copieux. On est du reste inspiré d'accepter cetteproposition sans aucune gêne, faute de quoi, le restaurateur s'offusque,pensant que sa cuisine n'est pas appréciée. Pourquoi ne pas agir de la mêmemanière avec le vin, qui, logé dans sa bouteille est facile à transporter. Unsimple sachet pour cacher la bouteille, et le client est à l'aise pour sortirdu restaurant.

À l'attention des consommateurs d'alcool espérant passer entre lesmailles du filet, évidemment perméable, tendu par la maréchaussée, on préciseraqu'une partie importante des accidents mortels est liée à l'alcoolémie desconducteurs. Sans oublier que, selon les circonstances, même un accidentsurvenu avec un taux d'alcoolémie inférieur à 0,8 pour mille (norme suisseactuelle) peut également entraîner de fâcheuses répercussionsjuridico-financières. Au-delà, outre les retombées bassement matérielles,telles que retrait de permis, amende, réduction des prestations d'assurance ettôles froissées, intervient un facteur qui devrait s'imposer comme la prioritédes priorités: le respect d'autrui. Pour le conducteur d'un véhicule à moteur,une seule règle prévaut: pas d'alcool au volant.

Le Beaujolais a emprunté le nom «Paradoxe» de cette nouvelle bouteille de50 cl au «french paradox;», unenotion, évoquée aux USA depuis 1991, qui critique la manière de boire et demanger des Français, sans pour autant que cela n'entraîne des effets négatifssur la santé de leurs artères coronaires. Immédiatement après l'annonce decette thèse à la télévision, affirmant que la consommation de vin rougepourrait être un facteur réduisant le risque de maladies du cœur, laconsommation dudit vin rouge a quadruplé aux USA. On ressort néanmoinsl'évidence qu'une consommation modérée de boissons alcoolisées vaut mieuxqu'une totale abstinence.

Lors des dégustations, les muqueuses de la bouche, la langue et les dentsseront rapidement teintées enviolet-bordeaux. Avant de reprendre le volant, et pour autant que la quantitéconsommée vous y autorise, un bon conseil: brossez vous les dents, rincez-vousabondamment la bouche. Votre sourire lors d'un éventuel contrôle de police n'ensera que moins provocateur. Brosse et pâte à dents peuvent donc faire partie dela panoplie du dégustateur !

Tout est bon pour tromper l'Alcotest. Une firme française a mis au pointun bonbon nommé «Croibleu» qui, emballé comme tous les autres bonbons, auraitla faculté de diminuer le taux d'alcoolémie mesuré par le ballon. Inutile dedire que cette sucrerie à l'arôme de sève prononcé connaît un grand succès.Vendu à raison de 86 tonnes en 1995 et 100 tonnes en 1996, voilà qui prouve lacrainte des conducteurs et conductrices du pays voisin d'être pris lors d'uncontrôle, d'être punis d'une contravention, voire d'un retrait de permis.Évidemment, plus le seuil punissable d'alcoolémie au volant est bas, plus il yaura de tentatives à fausser le résultat des appareils de contrôle. Le bonbonCroibleu ayant été testé en Suisse, il s'est révélé efficace dans les troisquarts des cas. Mais en conclusion, il faut rester conscient que ce bonbon,s'il peut tromper l'alcootest, n'a en revanche aucune propriété de gommer leseffets néfastes de l'alcool. Un conducteur dont l'haleine a été modifiée par lebonbon représente sur la route, pour les autres usagers comme pour lui-même, unréel danger si la dose d'alcool autorisée a été sensiblement dépassée. Avec ousans bonbon, l'altération des réflexes rend le conducteur dangereux. Par voiede conséquences, la police aura de plus en plus recours à la prise de sang quele bonbon en question ne saurait tromper. D'autres potions magiques feront leurapparition sur le marché. Récemment, un médicament belge nommé «Neutralizer»,commercialisé depuis le Liechtenstein, connaît lui aussi un franc succèsau-delà de nos frontières. Interdit en Suisse, faute d'homologation, cemédicament se présente sous forme de gélules qui contiendraient, entre autresdu gingembre. La publicité qui l'accompagne va jusqu'à prétendre que le produitréduit non seulement rapidement et complètement le taux d'alcoolémie, maisqu'il protège encore le corps des ravages de l'alcool. Une telle assertion doitêtre mise en doute, d'autant plus que l'efficacité du remède est contestée avecraison par les milieux scientifiques.

Opération Nez rouge

Historique:

L'Opération Nez rouge est un programme unique en son genre de préventionet de lutte contre la conduite lorsque certaines facultés sont affaiblies. Ils'agit principalement d'un service gratuit et bénévole de chauffeurs privés,offert durant la période des fêtes de fin d'année à tout automobiliste qui aconsommé de l'alcool ou qui ne se sent pas en état de conduire son véhicule.L'Opération Nez Rouge a pour seul objectif dans les pays où il est organisé:diminuer le nombre d'accidents de la route causés par des facultés affaibliespar l'alcool et dans d'autres circonstances, ainsi que leurs conséquences.

Une idée qui nous vient du Québec:

En 1984, Jean-Marie De Koninck est professeur de mathématiques àl'université de Laval à Québec. Il est également entraîneur du club de natationde l'université et cherche une façon originale de financer son équipe. Un jourde septembre 1984, au volant de sa voiture, il est frappé par les statistiquespréoccupantes concernant la conduite automobile lorsque certaines facultés sontdiminuées (alcool, fatigue, drogue, etc.). L'idée lui vient de faire appel à sesvingt-cinq nageurs et nageuses pour reconduire chez eux et dans leur proprevéhicule les automobilistes qui auraient bu un verre de trop par exemple. AuQuébec, cette idée a peu à peu été développée pour devenir une véritablecampagne de sécurité routière. En 1990, l'idée traverse l'Atlantique. Le Dr.Jean-Luc Baierlé, médecin cantonal jurassien, séduit par l'idée québécoise«importe» le concept dans notre pays et organise, en collaboration avec la Ligue jurassienne contre lestoxicomanies, la première Opération Nez Rouge dans le Jura. La formule s'étendprogressivement dans toute la Suisse romande, puis au Tessin et en Suisse alémanique. «Nezrouge» fait référence au petit renne au nez rouge lumineux du Père Noël. Lalégende raconte qu'un renne fut mis à l'écart par ses compagnons, la couleur deson nez n'étant pas du goût de tous. Pourtant, grâce à son nez, le renneréussit à éclairer la route du Père Noël qui s'était égaré avec son traîneau etdevint ainsi un héros. Le renne fut alors réintégré au sein du troupeau. Bref,Opération Nez rouge était le nom tout désigné pour ce service. Outre sa touchehumoristique, ce nom allait susciter la sympathie de la population et laconfiance de la clientèle.

Fonctionnement du service:

Le service de l'Opération Nez rouge est assuré par une équipe de troisbénévoles:

Chauffeur Nez rouge:

Personne qui utilise la voiture Nez rouge pour conduire le chauffeurclient et l'accompagnant(e) à l'endroit où l'attend le client. Une fois leclient arrivé à destination, le chauffeur Nez rouge reprend ses deuxcoéquipiers et retourne ou téléphone à la centrale de coordination.

Chauffeur client:

Personne qui conduit la voiture du client.

Accompagnant(e):

Personne qui accompagne le chauffeur client et le client dans la voiturede ce dernier. L'accompagnant(e) prend place sur la banquette arrière et veilleà ce que tout se déroule correctement. Il/elle agit également à titre desecrétaire de l'équipe.

Les caractéristiques:

Le service ne s'adresse pas uniquement aux personnes qui ont consommé del'alcool mais à celles qui ne se sentent pas en état de conduire pour d'autresraisons (par exemple, fatigue, prise de médicaments, de drogues, etc.).Possibilité d'avoir recours à Nez rouge plusieurs fois dans la même soirée,soit pour se déplacer d'un endroit à un autre, soit tout simplement pourrentrer chez soi. Le service est gratuit. Les dons éventuels versés par lesutilisateurs du service sont intégralement redistribués à une institution à butsocial et non lucratif, œuvrant en principe dans les domaines du sport, desjeunes ou de la culture. La seule exigence pour le client est de posséder unvéhicule ou d'avoir la responsabilité d'un véhicule au moment de faire appel àl'opération Nez rouge. Nez rouge raccompagne également les passagers du client.Le client se déplace dans son propre véhicule conduit par le chauffeur duservice et non dans celui des bénévoles de l'Opération Nez rouge.

Développement du concept Nez rouge depuis 1990:

La mise sur pied d'une Opération Nez rouge au cours du mois de décembreexige un travail considérable de la part des bénévoles. Dès le mois de mai,tous les membres des comités organisateurs se consacrent à la préparation decette campagne de prévention des accidents de la route dans leur région. C'estgrâce à eux et aux nombreux autres bénévoles que l'on doit le succès de chaqueédition de l'Opération Nez rouge. La philosophie de l'Organisation Nez rougen'encourage ni ne condamne les personnes qui choisissent de faire la fête enconsommant de l'alcool. «Ne conduisez pas si vos facultés sont affaiblies», telest le message qu'elle souhaite véhiculer de façon sympathique, sans aucuneintention moralisatrice. L'approche préventive de l'Opération Nez rougeconstitue un complément intéressant aux mesures répressives prévues par la loi.

La progression du nombre de transports Nez rouge en Suisse depuis 1990:

Il est difficile de mesurer les effets réels de l'Opération Nez rouge.Toutefois, le succès obtenu à chaque édition confirme qu'elle exerce uneinfluence positive sur le comportement de la population. En augmentationconstante, la popularité de l'Opération Nez rouge s'est concrétisée dans lesfaits: 97 transports effectués en 1990, 3'198 en 1999. C'est un signe que lestemps changent. À ce jour, les bénévoles de l'Opération Nez rouge ont effectuéau total 15'772 transports en Suisse et en France voisine.

Ambassadeurs bénévoles:

Médias, partenaires, police et population forment une longue chaîne desolidarité en faveur de la prévention routière. Une chaîne qui ne serait pascomplète sans son maillon central: les bénévoles. Ainsi, en 1996, le nombre departicipants à la campagne annuel a atteint le chiffre record de 3822. Tout aulong de l'année, ces bénévoles sont des ambassadeurs de la sécurité routièredans leur milieu familial, social et professionnel. Avec leur entourage, ilssont particulièrement conscients du fait que l'alcool, les médicaments, lestress, la fatigue et la conduite forment un mélange dangereux.

À l'Opération Nez rouge, le bénévolat sous-entend une notion de plaisir,une activité sociale et conviviale. Accomplir une action concrète en faveur dela communauté est un élément de motivation important pour les bénévoles. Enfin,nombre de personnes seules qui se dévouent à cette cause trouvent là une bonnefaçon de ne pas s'ennuyer et de se retrouver en bonne compagnie durant lesnuits du 24 au 31 décembre.

Les partenaires de l'Opération Nez rouge:

Le soutien des partenaires de l'Opération Nez rouge est évidemmentindispensable puisque Nez rouge n'a pas d'activité lucrative. Les financementsobtenus servent à assurer le succès et le développement des actions deprévention. Le bénévolat représente certes une richesse inestimable, mais nepeut assurer à lui seul le bon fonctionnement de l'Opération Nez rouge.

Partenaires publics:

L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) est le principal soutienfinancier qui a permis d'étendre le réseau des Opérations Nez rouge.

Le Fonds de sécurité routière (FSR) soutient Nez rouge depuis le début,de même que le développement du service Fil rouge, qui consiste en un servicede conseils et d'informations durant toute l'année auprès des organisateurs demanifestations.

Partenaires privés:

Shell (Switzerland) fournit gratuitement l'essence de toutes les voituresparticipant à l'Opération Nez rouge et participe aussi financièrement à laréalisation de matériel publicitaire.

Swisscom met à disposition un numéro gratuit pour les appelstéléphoniques et prend à sa charge les taxes d'abonnement, de mise en service,de mutation, etc.

La Zuricha assuré gratuitement la majorité des Organisations Nez rouge de Suisse romandeet du Tessin lors des dernières éditions.

La Loterie Romande a octroyé un don en 1997 qui a permis de garantir lefinancement de la campagne nationale d'affichage cette même année.

Les accidents mortels de la route sont hélas principalement imputables àl'alcoolémie au volant pour 40% des cas. Quels sont les conducteursresponsables? Contrairement à une idée reçue, dans 85% des accidents mortelsavec alcool au volant, les fautifs sont des buveurs occasionnels. 75% de cesaccidents ont lieu la nuit, alors que la circulation est fortement réduite etgénéralement en fin de semaine. On remarque aussi que les responsables sont desconsommateurs d'alcool occasionnels et qui n'en consomment pratiquement quelors de la sortie du week-end et pour une grande partie des jeunes. D'autressont des conducteurs relativement abstinents qui se laissent entraîner à unexcès de boisson parce qu'ils n'en ont pas l'habitude.

En revanche, les alcooliques se comportent mieux au volant et n'entrentdans cette tragique statistique que pour 15% des cas mortels.

Enfin, et cela est important, les buveurs de vin réguliers et modérés(consommation journalière de 2 à 4 verres de vin exclusivement) sont rarementimpliqués dans des accidents mortels de la route. Ils profitent de toutes lesvertus bienfaisantes du vin et se maintiennent en bonne santé grâce à ce«savoir-boire» et par une bonne hygiène de vie, ce sont eux qui ont le moinsrecours aux assurances maladie et accident. C'est donc bien cette catégorie deconsommateurs modérés et réguliers que l'on souhaiterait voir augmenter.Pourtant, toutes les campagnes contre l'alcoolisme font un amalgame de tous lesbuveurs, culpabilisant chacun, si bien que la consommation de vin est en forterégression, mais le nombre d'alcooliques reste stupidement stable.