L’histoire d’amour entre Fully et la famille de Marie-Thérèse Chappaz remonte à très loin, presque un siècle. C’est en 1940 en effet que Maurice Troillet, grand-oncle de Marie-Thérèse, fait l’acquisition d’un hangar de pépiniériste à côté duquel il va bâtir en 1943 la maison en pierre de la Liaudisaz. Celle-ci deviendra ensuite un domaine viticole où habitèrent Maurice Chappaz et Corinna Bille. C’est aussi l’histoire d’une vocation et d’une persévérance. La jeune fille qui pensait être sage-femme et la voyageuse qui rêvait de mettre son altruisme au service des plus démunis ont, avec le legs d’une première vigne, révélé la vigneronne, celle qui arpente toujours ses parcelles avec la même passion, attentive aux signes et aux frémissements du monde végétal. Exigeante avec elle-même comme avec les autres, voire intransigeante, Marie-Thérèse cultive volontiers l’inquiétude, parce qu’elle sait que le meilleur est à ce prix-là. Par sa notoriété, elle est devenue l’ambassadrice des vins valaisans dans le monde et, ainsi, elle est en quelque sorte l’emblème le plus visible de Fully Grand Cru. Icône et iconique sont aujourd’hui des termes souvent galvaudés, y compris dans le monde du vin où ils traduisent surtout les boursouflures de l’ego de certains vignerons. Promue en 2015 « Icône des vins suisses », Marie-Thérèse mérite pourtant amplement cette distinction qu’elle incarne au quotidien. Son humilité, son exigence et son souci des autres nous rapprochent en effet du cœur du mot icône, de son étymologie qui nous met en relation avec une certaine idée de la sainteté. Il existe en effet quelques vignerons dans le monde, connus ou moins connus, qui ont accédé à cette dimension faite d’humilité vraie, d’une forme d’ascèse et de partage, à propos desquels on peut véritablement parler de dimension iconique. Des personnalités comme Marie-Thérèse Chappaz ou Pierre Overnoy, dans le Jura, en font partie.