C’est à Bergheim, village niché au cœur de l’Alsace viticole, que se trouve le domaine Deiss. Issu d’une famille de vignerons installée à Bergheim depuis 1744, Marcel Deiss choisit à 18 ans le métier des armes et quitte sa terre natale. Revenu au pays après la seconde guerre mondiale, il retrouve ses racines et développe son petit patrimoine foncier pour en faire une entreprise viticole dynamique.

Aujourd’hui tenue par Jean-Michel et Mathieu Deiss, la propriété compte 27 hectares répartis sur 9 communes et 20 kilomètres. L’extrême variété du vignoble (220 parcelles) a conduit à rechercher, pour chaque cru, l’exact équilibre entre l’affirmation du lieu, l’expression du millésime et le cadre du cépage.

L'interaction entre ces facteurs permet de distinguer notamment les crus dits de terroir : le lieu seul exprime ici sa marque, il domine les autres contingences. Il détermine le style, la personnalité exacte, la physionomie même du vin. Pour les Grands Crus, l’indication du cépage est souvent superflue tant l’influence de l'origine est forte sur son expression habituelle. Elle devient inutile quand la vigne est conduite en complantation comme à l’Altenberg de Bergheim, au Schoenenbourg ou au Mambourg.

Cet effort, associé à de hautes densités de plantation (8'000 à 12'000 pieds/hectare), rend seule possible l’expression de toutes les nuances fines du lieu, son tempérament, sa singularité profonde. Selon Jean-Michel Deiss, le fait de planter un seul cépage, voire un seul clone, empêche l’expression complète de l'origine, à l’image d’une personne dont le vocabulaire pauvre empêcherait une langue riche.

Dans la tradition alsacienne, les vins des terroirs étaient seulement nommés par le nom du lieu, la complantation devenant la règle de cette exigence. Comme partout ailleurs, du bordelais aux Côtes-du-Rhône, en passant par la Bourgogne, qui utilisait jusqu’aux années 50 le pinot noir, le chardonnay et le beurrot, voire l’aligoté dans le vignoble du Montrachet ! C’est pour cette raison que la famille Deiss a décidé de ne plus utiliser l’indication du cépage et de nommer seulement le génie du lieu.

Qui dit terroir et permanence du type dit géologie, pédologie, climat et microclimats. Ainsi, le vignoble est conduit en utilisant les techniques anciennes de la tradition viticole alsacienne (labour, piochage, compost, enherbement), sans désherbage ni engrais chimique. Les vins qui en sont issus portent naturellement la marque de cette exigence, la trace évidente de cette vocation à dire un paysage. Ce sont ceux qui disent le retour à la vraie tradition alsacienne séculaire, le retour à l’Age d’Or.

Et cette excellence est célébrée depuis de nombreuses années par les plus grands spécialistes mondiaux du vin, portant la production du domaine au plus haut niveau de l'Alsace.