Machine à vendanger

En revanche, les avis défavorables parviennent des régions viticoles à forte déclivité, des vignobles morcelés où la machine peut difficilement intervenir. L'emploi de la machine à vendanger est interdit en Champagne où pourtant la dimension et la configuration du vignoble s'y prêteraient. La raison est d'un autre ordre. La partie prépondérante du raisin vendangé en Champagne provient de cépages noirs, avec lesquels on produit du blanc de noirs. La machine maltraite les baies au point de colorer le moût, ce qui exclut la production de vin blanc à partir de raisins noirs. La machine à vendanger n'intervient pas non plus dans le Beaujolais, car là aussi le raisin doit être cueilli avec la grappe pour que la macération carbonique puisse s'effectuer en grains entiers. Il en va de même dans les vignobles de vendanges tardives et de liquoreux, pour lesquels les tries successives impliquent des vendanges manuelles.

En Bourgogne et en Alsace, les avis sur la machine à vendanger sont négatifs. On lui reproche de ne pas pouvoir trier assez finement le raisin pourri qui contaminera l'ensemble de la vendange. D'autres inconvénients concernent les débris végétaux que les batteurs de la machine entraînent dans la vendange, de même que les meurtrissures du raisin, lequel, vendangé au soleil, peut commencer à fermenter et à s'oxyder de manière prématurée.

Parmi les avantages, signalons encore la rapidité d'intervention, la possibilité de récolte aux heures les plus fraîches, la suppression de l'intendance d'un régiment de vendangeurs. Enfin, la technicité sans cesse améliorée des matériels augmente les performances. Les nouvelles machines sont munies de souffleries qui sèchent le raisin en cas d'averse et les possibilités de tris sont devenues très efficaces. Ce n'est pas sans raison que les ventes de machines à vendanger ont augmenté de 20% en 1996.

2006: Nouvelle machine à vendanger "trois en un". Elle vendange, presse et débourbe directement à la vigne. Voici la nouvelle vendangeuse qui sait tout faire. Des chercheurs de l'Institut d'études supérieures de Wädenswil et les entreprises allemandes ERO (Rhénanie-Palatinat) et Westfalia Food Tech (Rhénanie du Nord-Westphalie) ont développé une machine capable de réaliser dans la vigne une partie du travail habituellement accompli dans le chai. Lors des vendanges 2005, un prototype a été testé avec succès. «Il s'agit d'un énorme progrès pour la viticulture», se réjouit Günter Eymael, secrétaire d'État au Ministère de l'économie et de la viticulture du Land de Rhénanie-Palatinat.

Le Land veut soutenir la poursuite de ce «projet de dimension suprarégionale» dans le cadre de ses aides à l'évolution technologique, jusqu'à ce que la vendangeuse soit commercialisable. Il s'agit d'une technique révolutionnaire: les vignerons gagneraient du temps et de l'argent parce que les raisins seraient traités immédiatement après la récolte, améliorant la qualité du moût.

Jérôme Galli, de l'institut de Wädenswil commente l'état actuel de la recherche avec davantage de modestie: «Nous ne voulons pas créer des attentes trop grandes. Ce que nous pouvons confirmer, suite aux tests réalisés l'automne dernier, c'est que la qualité des raisins ainsi récoltés est au minimum constante.»

L'évolution technologique des vendanges à la machine c'est, bien entendu, la suppression de la phase la plus conviviale de la viticulture. La tradition des vendanges manuelles et des joyeuses fêtes de vendangeurs se perd au profit d'une puissante machine et de son chauffeur qui finit seul sa journée de travail mécanique dénué de charme dans un vaste hangar.