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baronnie du dézaley (la)

Pourquoi tant de renommée et de charge affective pour un cru de 54 hectares partagés entre 133 propriétaires ? Pourquoi le Dézaley, placé au cœur du vignoble vaudois, en est-il aussi l’âme et le symbole ? Inutile d’y chercher l’effet du hasard : ce vignoble unique, accroché entre le bleu du ciel et le bleu du lac, doit tout à la nature et aux hommes. Les hommes, ce sont d’abord les moines cisterciens des Abbayes de Hautcrêt et de Montheron qui défrichent au XIIe siècle un coteau instable et vertigineux, puis l’ordonnent en multiples terrasses closes de murs pour y cultiver la vigne, comme l'a si bien décrit C.-F. Ramuz (Passage du poète). Ce bouleversement met en lumière un site privilégié où la nature réunit tous les éléments d’un vignoble d’exception. Le microclimat, idéal, résulte de la conjonction de la pente, du lac et des murs. Si l’inclinaison du coteau permet de capter au maximum les rayons du soleil en été, le lac, miroir immense et tout proche, les renvoie vers le vignoble en automne. Les murs prolongent et remplacent encore les effets du soleil, en restituant le soir la chaleur accumulée durant la journée. Le sol, argilo-calcaire, créé le caractère particulier du vin. Enfin, le cépage; né sur les bords du Léman, le chasselas trouve au Dézaley, mieux que partout et quel que soit le millésime, les conditions d’un épanouissement total. Huit siècles après les moines, les vignerons d’aujourd’hui maintiennent et valorisent l’héritage initial. Si les moyens sont nouveaux, l’esprit reste le même. À site exceptionnel, vin unique. Le Dézaley se définit par un bouquet soutenu qui laisse bien entrevoir la nature et l’ampleur du vin. Profond, charpenté et généreux, marqué au coin par une légère amertume minérale qui en fait la typicité, le Dézaley possède une remarquable aptitude au vieillissement. Vin de prestige pour les plus exigeants, le Dézaley se veut à l’image de son vignoble : incomparable. Issues de la culture et de la vinification du cépage chasselas, ces bouteilles exclusives sont offertes sous l’appellation Dézaley Grand Cru.

Données statistiques :

Dézaley cépages blancs – chasselas 47,55 ha autres cépages blancs 0,21 ha cépages rouges – gamay 2,51 ha pinot noir 2.23 ha autres cépages rouges 1,27 haTotal Dézaley 53,77 ha.

Le grand cru voisin Calamin :

cépages blancs – chasselas 15,37 ha autres cépages blancs 0,16 ha cépages rouges 0,27 haTotal Calamin 15,80 ha.

Le Dézaley visité du large

Le 14 septembre 2004, dans le cadre des "mardis de la presse" de l'Office des Vins Vaudois, et pour fêter de manière originale le dixième millésime de La Baronnie du Dézaley, de nombreux invités ont embarqué sur le Montreux et sur un lac brièvement mouvementé au port de Cully. Quel plaisir de pouvoir suivre les conférenciers décrivant les mérites mythiques du Dézaley avec le recul de cette croisière au large, idéale pour appréhender l'ensemble abrupt de ce joyau du vignoble vaudois.

Il appartenait à Robert Crüll, directeur de l'Office des Vins Vaudois, d'introduire les intervenants : Luc Massy, puis Jean-Paul Chaudet, respectivement président et membre fondateur de la Baronnie du Dézaley. Les douze membres producteurs représentent la moitié des 54 hectares de ce vignoble d'exception, partagés entre 133 propriétaires – François Murisier, ingénieur agronome à la Station fédérale de Changins a su convaincre l'auditoire par des propos captivants, décrivant ce terroir extraordinaire, terre d'élection du chasselas : dans ce couple mythique, la variété représente l'épouse, le terroir l'époux; on ne sait pas qui domine. Rares sont nos cépages capables de révéler aussi parfaitement la valeur d'un terroir.

Pour le Dézaley, trois raisons :

1) Les hommes (moines cisterciens) qui ordonnèrent en terrasses ce coteau abrupt si bien décrit par C.-F. Ramuz*.

2) La typicité qui, indépendamment du millésime, et grâces aux micro-climats, se retrouve à chaque fois.

3) Un potentiel de vieillissement quasi unique, permettant le mûrissement du chasselas vers des arômes secondaires et tertiaires originaux, pleins de délicatesse – Georges Wenger du restaurant éponyme au Noirmont, pour louer la démarche commune de La Baronnie du Dézaley, consistant à s'unir pour faire reconnaître la valeur d'une appellation indigène auprès de tous les acteurs de la consommation – Louis-Philippe Bovard, pour démontrer les particularités des Dézaley et leur épanouissement dans le temps en respectant les nombreux critères de la charte pour qu'ils soient reconnus "Grands Millésimes de la Baronnie du Dézaley", avec un habillage particulièrement soigné.

Ces conjonctions de talents, relevant du terroir, du cépage et des vignerons conduisent à quelque chose de miraculeux. Désormais les Grands Millésimes auront pour ambassadeurs six parmi les plus grandes tables étoilées de la Suisse. En Suisse romande : Peter Hasler, Le Raisin à Cully, Gérard Rabaey au Pont de Brent, Philippe Rochat à Crissier et Georges Wenger au Noirmont.

L'apéritif permettait la dégustation des douze Dézaley, millésime 2003, alors que le repas était accompagné d'une verticale de 1998 à 1982 - la preuve indéniable de nos propos !

Liste des membres, des grands crus Dézaley produits, etc. sur le site de l'Internet en fin d'article.

Passage du poète de Charles-Ferdinand Ramuz :

« Bovard de nouveau dans sa vigne… Et le bon Dieu lui-même a décidé que ce serait en vignes, ayant orienté le mont comme il convient, se disant : "Je vais faire une belle pente tout exprès, dans l'exposition qu'il faut, avec l'inclinaison qu'il faut, et je vais mettre encore dans le bas la nappe de l'eau pour qu'il y ait ainsi deux soleils sur elle, que le soleil qui vient ailleurs d'en haut seulement vienne ici d'en haut et d'en bas…" Le bon Dieu a commencé, nous on est venu ensuite et on a fini... Le bon Dieu a fait la pente, mais nous on a fait qu'elle serve, on a fait qu'elle tienne, on a fait qu'elle dure : alors est-ce qu on la reconnaîtrait seulement à présent, dit-il encore, sous son habillement de pierre ? et ailleurs l'homme se contente de semer, planter, de retourner; nous, on l'a d'abord mise en caisses, regardez voir si ce que je dis n'est pas vrai; mise en caisses, je dis bien, mise tout entière dans des caisses et, ces caisses, il a fallu ensuite les mettre les unes sur les autres... Il les montre avec sa main qui monte de plus en plus, par secousses, à cause de tous ces étages, à cause de tous ces carrés de murs comme des marches. Et c'est plus du naturel, c'est du fabriqué; c'est nous, c'est fabriqué par nous, ça ne tient que grâce à nous; ça n'est plus une pente, c'est une construction, c'est une tour, c'est un devant de forteresse... Depuis les tout vieux temps, depuis aussi loin qu'on existe, depuis les Romains et depuis les moines, les vieux temps et les tout vieux temps; et ça s appelle encore par ici l'Abbaye, il y a le vin des Abbesses, ça s'appelle le Prieuré, c'est plein de noms de ces temps-là partout, c'est encore plein de leur ouvrage; et regardez-moi ces murs, regardez-moi seulement ces murs Si loin que l'œil porte, Si loin qu'on tire avec le regard en haut et en bas, à droite et à gauche, - combien ça en fait-il ? parce qu'il a fallu, sans quoi la terre serait venue en bas; Alors ils en ont fait un premier, puis un autre, et puis dix, et cent, puis mille, commençant par le bord de l'eau, après quoi ils sont montés, ils sont montés jusque dans le ciel à leur échelle, et là ils auraient trouvé à grimper encore qu ils seraient grimpés... Depuis les vieux temps, depuis tout là-bas dans le temps, d'année en année : les Romains, les moines, les gens à robes, les gens à pantalons, et puis des autres et encore des autres, et puis nos arrière-grands-pères et puis nos grands-pères et puis nos pères, et puis nous : à faire, et ensuite à refaire, à construire, et à reconstruire et à re-reconstruire, entretenir, recimenter; chaque année remonter sur son dos la terre, remonter à la hotte la pente tout entière; aller voir où ça s'est fendu, là où le mont pousse en avant, là où la pierre cède, là où elle se fissure; et boucher les trous, combler les fissures, repousser le mont en arrière, faire que ça tienne quand même, faire que ça dure, - depuis deux mille ans peut-être que ça dure, mais ça n'aurait pas duré et ça ne durerait pas, si on ne s'en était pas mêlé, si on ne rebâtissait pas tout le temps...

Il s'est arrêté, fatigué de mots. »