– Oui…
– A votre avis, était-il humainement possible de remporter ces sept Tours de France sans dopage ?
– Non !
Tout est dit ? Après les dérapages des politiques, de Nixon à Clinton, c’est au tour de Lance Armstrong de jouer la énième scène de l’aveu et de l’expiation dont l’Amérique auto-flagellatrice se délecte.
Le champion déchu sera-t-il sauvé ? Pas sûr. Dans cette journée à 75 millions de dollars – montant estimé du « préjudice » financier subi par le Texan après sa confession publique – Lance a joué gros, fait de nécessité vertu. Il a joué au jeu de la vérité, s’est mis à nu, laissant morgue et panache aux vestiaires.
Sous l’œil impavide de « Yes or no », alias Oprah Winfrey en gardienne des Enfers, il a mis son cœur sur la balance, promis de s’amender «Je n’aime pas le gars que j’étais. Ce type qui se croyait invincible. Maintenant, je dois m’excuser »
En face de lui, fondus dans l’ombre cathodique, quelques millions de juges suprêmes, ont assisté à sa confession, nouvelle version de la pesée des âmes pratiquée en Egypte. Vous avez dit « condamnation à mort » ? Non, c’est le coureur lui-même qui l’évoque.
Après la mort, la vie. Après la gloire, le deuil éclatant du bonheur. Après la victoire, la victime expiatoire. Après la contrition, la rédemption ? Pas certain.
On ne change pas si facilement de visage. Celui d’Armstrong est plein de tumulte, la bouche crispée, regard de stratège acculé, prisonnier d’une logique – dénégations et mensonges les yeux dans les yeux – qu’il a érigée en système.
Quand le menteur proclame : « je dis la vérité ! », dit-il la vérité, rien que la vérité ?
On connaît le célèbre paradoxe du menteur. Quelqu’un vient et déclare « Je mens ». Si c’est vrai, c’est faux et si c’est faux, c’est vrai.
Mais la vérité n’est pas un jeu et gagner n'est pas dire le vrai : quand le roi répondait aux questions sur les moyens de son règne, il prétendait dire la vérité mais personne ne le croyait vraiment. Aujourd’hui, le roi est sans couronne ; il peut enfin dire à la vérité.
Et s’il était trop tard, si plus personne ne croyait à la vérité, à sa vérité ?
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Il nous aurait menti ?
Vérité du sport ?
de la politique ?
des militaires ?
des industriels ?
des dégustateurs de vin ?
Pas facile dans ce monde surinformé.
"Il n’y a pas de vérité, tout est permis" … Pourvu qu’on restaure un dieu ou un autre, qui permette de juger ; le permis à points est une arnaque soutenue par des fabricants de cycles
Lorsqu’on organisera les étapes de montagne du tour de France dans la Beauce et les contre la montre dans la descente de l’Alpe d’Huez un grand pas aura été fait dans la lutte antidopage
Plus grave candide, la psychanalyse: j’y vois la main des fabricants de divans
Grand Jacques :
Difficile de ne pas voir dans tout ce cinéma assez médiocre le souci matériel de pouvoir garder une partie de sa fortune à un moment où il s’exposait probablement à de sévères punitions financières.
Bref, comme beaucoup de choses aux States, une vulgaire affaire de gros sous qu’on vous nous habiller dans une morale de comptoir.
Et pourtant, je n’arrive pas à ne pas penser que c’étaient ses jambes qui pédalaient et non un moteur électrique caché quelque part…
Pour le moteur caché, cf. l’affaire Fabian Cancellara …