Bonne Mares 2003
C’était un des fleurons du domaine Clair Daü (racheté par Jadot). Ce vin donne tout de suite le la : réglisse, tubéreuse, cacao, grande minéralité à l’ouverture. C’est un vin d’une grande énergie et d’une très belle fraîcheur.
On rappellera ici qu’il n’y a que 5 propriétaires sur le Clos et que le domaine Rousseau, principal propriétaire, n’hésite pas à faire déguster son Clos St-Jacques après le Mazys, le Clos de la Roche et les Ruchottes : c’est dire dans quel estime on tient ici ce cru ! Celui de Jadot est conforme à ce qu’on peut en attendre. Sur le cuir, les épices, il s’ouvre ensuite sur de très belles notes fruitées. Dense, buriné par le terroir, il offre une finale magistrale !
Beaune Clos des Ursules 1985
Cette petite parcelle, acquise en 1826, est située au sein du 1er Cru, les Vignes franches. Epanoui, il s’exprime sur des notes de cuir, de musc et révèle, au palais, une vraie finesse d’expression, même si on peut lui reprocher un tannin un peu simple.
Musigny 1978
C’est un vin qui a été élevé (mais non vinifié) par Jadot, la source étant le plus célèbre domaine de l’appellation. Nez truffé, balsamique, notes orientales. Deux bouteilles très différentes, l’une évoluée ; la seconde sans doute plus conforme à la réalité du terroir.

Gevrey-Chambertin Clos St-Jacques 1966
Ce vin provient du domaine Clair-Daü. Robe à légères nuances orangées. Nez fin, moyennement intense. Notes très nobles de havane. Bouche souple, équilibrée, sapide, qui manque d’un peu de relief sur la finale.
Chambertin Clos de Bèze 1953
Une année à mildiou caractérisée par un été chaud. La robe est dense, encore jeune. Nez intense, avec de la fraîcheur, végétal noble, truffe, viandox, mousseron. Compte tenu du millésime, c’est un vin exceptionnel, d’une richesse de constitution et d’une tenue admirables.
Beaune Boucherottes 1949
Ce climat beaunois borde la commune de Pommard. Sublime nez terrine, sous-bois, humus, notes grillées. La bouche est ample, évasée, dotée d’une grande texture. Superbe alliance entre la grande maturité et la structure. Remarquable pour son niveau d’appellation !
Chambertin 1937
Belle robe à reflets sardoine. Le nez offre un réglissé d’anthologie avec des nuances de rose ancienne, puis vient le musc. Droit, ferme, il prend appui sur une trame remarquable. Très belle finale aux tannins épicés.
J’adore son caractère strict, ferme, un peu austère, très minéral. Un vin droit, sans concession.
Beaune Clos des Ursules 1929
Suave, fondant, avec un raffinement magique dans les tannins, il finit sur des nuances d’une infinie délicatesse. C’est un vieillard sublime qui témoigne de ce qu’était il y a 80 ans la viticulture et le savoir-faire bourguignons. On s’incline.
Corton-Pougets 1915
Deux bouteilles très différentes. La seconde est sublime : nez de crème de marrons, de créosote, de truffe. A l’ouverture, il cache un peu son jeu, paraît presque usé puis flamboie, complexe, envoûtant. Immense texture, chair onctueuse : pas de doute, c’est un vieillard magnifique, lui aussi.
Le vignoble venait d’être racheté et, pense Michel Bettane, avait été replanté sur le vrai Riparia Gloire (50 % plant américain et 50 % plant français).

Beaune Clos des Bouchereaux 1904
La robe est encore belle. Malheureusement, le nez s’avance sur des notes de champignons un peu simple et, même si la bouche est équilibrée, ce vin paraît un peu fané.
Clos Vougeot 1898
On rappellera, pour toutes celles et ceux qui n’y étaient pas, que les vendanges furent bien précoces cette année-là : dès le 7 septembre une horde de vendangeurs se précipita dans le clos qui, à cette époque, n’était divisé qu’entre 4 ou 5 propriétaires sans doute.
Le nez est extraordinaire, aérien, ce qui est rare dans un Clos Vougeot, s’ouvrant sur des notes florales, très légèrement épicé, comme un motif léger, lointain. En revanche, le corps manque un peu d’ampleur et finit étriqué, simplifié par une volatile élevée. Dommage.
Clos de Tart 1887
Ce vin a été mis en bouteilles par Champy. Il faut bien entendu relier ce vin à la série de Clos de Tart présentés ici. 111 ans et le vin est énorme, monumental, d’une maturité extravagante. Ce vin, c’est à la fois une caresse et, comme dirait le philosophe Clément Rosset, un « coup de poing du réel ». Truffé, complexe, il a incontestablement le côté solaire du Clos de Tart. Comment a-t-il fait pour se maintenir dans un tel état de jeunesse ? A-t-il été « revisité » ? Quoi qu’il en soit, personne ne boudera son plaisir de déguster une telle perfection, fût-elle arrangée.
Pommard 1878
Provient des caves Champy. Visiblement, chez eux, on aimait les vins construits pour durer. Solide, ferme, il s’avance sur des notes de café, épices, de créosote avec de truffe. Incontestablement, il la signature d’un grand Pommard. C’est un terrien certes, mais d’une réelle noblesse et c’est une émouvante surprise !
Corton 1865
Année exceptionnelle et reconnue comme l’un des deux meilleures de son siècle.
Robe ambrée. Sublime finesse en bouche malgré une volatile perceptible. Il a une grâce, un raffinement dans la texture et le côté très droit des Corton.
C’est un vin radieu, d’une plénitude exceptionnelle, malgré son siècle et demi et une grande leçon de civilisation !
Tant qu’existeront de tels monuments, tant que les hommes continueront d’expérimenter que le vin est la plus merveilleuse (et des plus probantes) machine à remonter le temps, qui osera nous faire croire que goûter à un tel bonheur puisse être dangereux pour la santé ?

Belle robe dorée. Nez minéral, avec beaucoup de fraîcheur. Agrumes. Bouche dense, racée. Elle a le côté cristallin des grands Corton-Charlemagne.
Minéral, complexe et miellé.
Cette vigne d’un demi-ha, qui avait appartenu aux demoiselles Adèle et Julie Voillot (ancêtres de la famille Jadot) entre dans le patrimoine en 1913.
« On va vers des choses plus risquées maintenant… » prévient Pierre-Henry Gagey. Oui, mais quel beau risque. Un peu sur la réduction, le vin s’ouvre sur le miel, la noisette et l’ambre. Superbe densité au palais. Impressionnant par sa force et sa présence.
Corton-Charlemagne 1928
Anciennement le Corton Charlemagne provenait uniquement du climat les Pougets et d'une petite partie du Corton Charlemagne. C'est le cas du Corton Charlemagne du Domaine des Héritiers Louis Jadot produit sur le climat « Pougets », sur 1.88 hectares. Celui-ci est un vin en demi-teinte. D’une grande richesse de constitution certes mais marqué par des notes rancio qui, au nez, le dénaturent un peu, le simplifient. En revanche, le corps tient toutes ses promesses : très belle bouche, qui réfute en partie le nez. Très droit, très cristallin, il s’achève sur une finale d’une persistance magnifique.
Montrachet 1904
Robe magnifique aux moirures chatoyantes. Nez confit, très mûr, fastueux.La bouche est déroutante, ample et très riche avec une finale sur la sucrosité. On imagine une vendange très mûre, le raisin confit et la fermentation languissante… Il faudra attendre encore un peu, lui laisser le temps de « manger son sucre »… Dans 20 ans peut-être, qui sait ?
Montrachet 1898
Sublime nez, complexe, d’un grand raffinement. Prise en bouche dense, très dense. Parmi les blancs présentés, ce soir, ce 1898 est très certainement la plus grande bouteille. La finale éclate comme une apothéose. Un vin hors temps, tout simplement divin !
Meursault 1885
Encore une merveilleuse robe comme un coucher de soleil. Le nez se développe sur des notes tertiaire, fumées, avec un côté presque viandé. La bouche est fraîche, tonique mais se referme en finale sur des amers, des notes un peu médicinales.


« Nous adossant souvent au mode de ré, « gravis », premier ton ecclésial, nous tenterons de faire chanter la pierre, de rendre perceptible « l’emboîtement des trois voûtes », d’illustrer le paradoxe d’une musique qui se doit d’être, tout à la fois, humble dans sa facture, sa restitution mais également grandiose afin que la louange accède à l’infini. »

Par la magie de ces antiennes et de ce plain-chant, dans ce lieu, après avoir savouré ces condensés de terroir et d’histoire, comment ne pas être saisi intimement par les correspondances infinies et les résonnances multiples entre le vin, le spirituel et le charnel, la terre et la dimension cosmique, tout ce qui est rabattu sur ces ligne d’univers où nous ne sommes que des passants distraits, des voyageurs du temps, fébriles, impatients, insoucieux du hasard qui mène nos destinées !
Mes remerciements à Pierre-Henry Gagey, ainsi qu'à toutes celles et ceux qui ont contribué à ce moment d'exception !
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Superbe, Jacques,
2 déceptions sur des vins récents :
* Chambertin Clos de Bèze 97 (2ème dégustation) : tannins appuyés, harmonie en berne (et pourtant, le cru et le millésime).
* Corton-Charlemagne 1998 : élevage lactique très présent, peu de noblesse (linéaire, alangui). Même déception pour le meursault Genevrières 1998, balourd, pâtissier, oxydatif.
Un grand Bâtard-Montrachet 1995.
La visite de cet immense chai avec Jacques Lardière fut instructive (le vin et la connaissance de soi, partant des autres).
Super!
S’il on pouvait en savoir un peu plus sur le Riparia Gloire, ses spécificités, vertus et limites, je dois dire que cela m’intéresserait tout à fait !
http://www.vignevin-sudouest.com...
Superbe dégustation. je vais rechercher la vieille Jadot qui dort encore en ma cave.
stéphane